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La France en mode émeutes !

La France en mode émeutes !

Pour l’observateur étranger qui jette un regard même désabusé  sur la France, l’image du pays a été accolée ces dernières années aux émeutes urbaines comme celles des États- Unis aux meurtres dus à l’usage excessif des armes. Ce sont en fait les années Macron où les manifestations violentes ont rythmé la vie du pays avec une triste régularité et une intensité de plus en plus forte.

 

Par Mustapha Tossa 

 

Trois grandes séquences ont jusqu’à maintenant marqué les esprits. La séquence «Gilets Jaunes» avec son lot de violences et de destructions, la séquence manifestations contre la réforme du régime des retraites avec son lot de colères et d’amertume, et la séquence banlieues en ébullition provoquée par la mort du jeune Nael à cause d’un tir non légal d’un policier excité.


Aujourd’hui, ces émeutes qui ont saisi ce qu’il est convenu d’appeler, à la fois par un pédantisme savant et un raccourci confortable, «les territoires perdus de la République», marquent un tournant dans la vie du pays. Les explications comme les solutions abondent, mettant le gouvernement dans une situation d’une sensibilité sécuritaire inédite.


Les explications d’abord. Le contact difficile entre la police et les jeunes de ces  quartiers dits difficiles, que la loi de 2017 sur l’usage des armes par cette même police a  permis la multiplication des bavures policières. Une méfiance et un défi structurel se sont  installés entre cette police et ces jeunes des quartiers qui s’estiment ciblés par les délits  de faciès et de domicile.


Pour d’autres, ces explosions de violence sont le fruit de décennies de ghetto et d’enfermement social.  Vivant en marge de la société depuis des décennies, ces populations ont nourri un sentiment de colère et de vengeance. Une étincelle est vite arrivée pour le dégoupiller de manière spectaculaire. Un échec flagrant des multiples politiques de la ville qui se sont succédé à travers de nombreux gouvernements et qui ne se sont jamais attaquées aux véritables causes des malaises.   


Pour certains, c’est l’immigration massive, non contrôlée qui est à l’origine de cette rébellion sociale contre l’ordre établi. Cette vision aussi politicienne qu’opportuniste, même si elle rencontre un échos favorable dans l’opinion, vise en fait à s’exonérer de décennies d’irresponsabilité gouvernementale dans le laisser-aller et la négligence des territoires.


Pour les solutions aujourd’hui, une seule domine le haut du débat. La solution sécuritaire. Comment stopper net la cadence de ces nuits qui se ressemblent dans  les vols de biens privés et la destruction de biens publics. Fallait-il se contenter de renforcer le dispositif de sécurité traditionnel ou recourir à l’état d’urgence ? Une demande formulée avec beaucoup d’insistance par la droite et l’extrême droite.


Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a rappelé lui-même que dans l’histoire de la cinquième République, le gouvernement a dû recourir à l’état d’urgence uniquement quatre fois. C’est dire le danger qu’il y a à manipuler cette solution. Et c’est ce qui explique pour quelles raisons le président Emmanuel Macron hésite beaucoup à y recourir. L’état d’urgence a plusieurs facettes tranchantes. Parmi lesquelles il y a  les moyens exceptionnels à mobiliser pour le faire respecter et le risque et l’hypothèse que cela ne marche pas. A ce moment, le gouvernement entrera dans une dangereuse escalade sécuritaire dont il est difficile d’imaginer le bout du tunnel. 


Sans compter que cet état d’urgence, s’il est adopté, adressera un angoissant message à l’international. La saison touristique sur laquelle compte l’économie française pour se remettre, sera lourdement compromise. Déjà, la facture économique de ces émeutes est déjà lourde et vient s’ajouter aux multiples difficultés que les commerçants des grandes artères ont dû rencontrer depuis la multiplication des manifestations violentes et la pandémie du Covid.


Pour Emmanuel Macron, cette image de la France en mode émeutes aura forcément un prix politique. Les extrêmes, droite et gauche, sont aux aguets pour dénoncer respectivement ou l’incompétence ou la pyromanie du gouvernement. Les réactions internationales inquiètes de ces évolutions ou celles qui dénoncent officiellement le racisme de la police française participent à affaiblir la crédibilité de la France à l’international et à rendre moins audibles sa parole et sa posture. Un coup dur pour Emmanuel Macron qui a fait de la singularité française sur le plan international une des cartes maîtresses de sa diplomatie et de son influence.

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