PALU, Indonésie, 30 septembre (Reuters) - Le bilan du séisme de magnitude 7,5 et du tsunami qui ont frappé vendredi la région de Palu sur l'île des Célèbes en Indonésie s'élève désormais à 832 morts et devrait encore s'alourdir à mesure que les secours atteindront les zones les plus reculées.
Des dizaines voire des centaines de victimes restent piégées sous les décombres, a déclaré dimanche l'agence nationale de gestion des catastrophes.
Le vice-président indonésien Jusuf Kalla a averti que le bilan définitif pourrait se chiffrer en milliers de morts.
Le chef de l'Etat, Joko Widodo, s'est rendu sur place où il a visité un complexe résidentiel abattu par le séisme. Il a appelé la population à la patience.
"Je sais qu'il y a de nombreux problèmes qui doivent être réglés dans un court laps de temps, dont celui des communications", a-t-il déclaré, alors que des répliques continuaient de secouer la région 48 heures après le drame.
Certains habitants criaient: "On a faim, il nous faut à manger" à des militaires distribuant des rations de vivres. Des pillages sporadiques ont été signalés.
Des dizaines de personnes sont toujours coincées sous les ruines de deux hôtels et d'un centre commercial à Palu, une ville côtière de près de 300.000 habitants où des vagues de près de six mètres de haut ont déferlé au crépuscule.
Une jeune femme a pu être retirée vivante de l'hôtel Roa-Roa, a rapporté le site d'informations Detik.com, mais le propriétaire de l'établissement a déclaré samedi qu'une soixantaine de personnes pouvaient être coincées sous les gravats. Autour du centre commercial, des centaines d'habitants se sont rassemblés dans l'attente de nouvelles de leurs proches.
Lors d'une conférence de presse à Djakarta, le porte-parole de l'agence nationale de gestion des catastrophes (BNPB), Sutopo Purwo Nugroho, a annoncé la révision à la hausse du bilan humain, à 832 morts au lieu de 420 précédemment, et déclaré que la zone affectée par le tremblement de terre et le raz-de-marée était plus vaste que ce que pensaient les secours initialement.
Les sauveteurs n'ont un bon accès qu'à un des quatre districts affectés par la catastrophe, a-t-il précisé.
Trois ressortissants français ainsi qu'un Sud-Coréen et un Malaisien figurent parmi les personnes portées disparues, a ajouté le porte-parole du BNPB.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé sa tristesse et sa solidarité avec l'Indonésie, dans un communiqué diffusé dimanche matin par l'Elysée. "La France (...) se tient prête à apporter son soutien en lien avec les autorités indonésiennes", ajoute le communiqué. Le Vatican a également adressé ses condoléances.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées sur la plage de Palu pour préparer une fête de la ville lorsqu'un mur d'eau s'est fracassé vendredi soir sur le rivage, emportant dans la mort des dizaines d'habitants et détruisant tout sur son passage.
Plusieurs milliers d'habitations, ainsi que des hôpitaux, des centres commerciaux et des hôtels se sont effondrés et un pont a été emporté. La principale autoroute menant à Palu a été coupée par un glissement de terrain.
"Le tsunami n'est pas venu tout seul, il a entraîné des voitures, des troncs d'arbres, des maisons", a expliqué Sutopo Purwo Nugroho, ajoutant qu'en pleine mer, les vagues du tsunami avaient pu atteindre une vitesse de 800 km/h.
Selon le porte-parole du BNPB, il pourrait y avoir des dégâts très importants ainsi que d'autres victimes le long de la côte au nord de Palu. Ce secteur, appelé Donggala, est plus proche de l'épicentre du séisme.
"Nous recevons maintenant des informations limitées sur les destructions à Palu, mais nous n'avons rien sur Donggala et cela est extrêmement inquiétant. Plus de 300.000 personnes y vivent", a déclaré la Croix-Rouge samedi dans un communiqué. Son personnel est en route vers les zones touchées.
"C'est déjà une tragédie, mais cela pourrait être bien pire", ajoute la Croix-Rouge.
L'hôtel Roa-Roa a été complètement rasé par la secousse sismique. "Tout ce que l'on sait est que 24 clients ont pu sortir et qu'un autre est décédé", a déclaré le propriétaire de l'hôtel, Ko Jefry, à la chaîne Metro TV samedi soir. "On estime que 50 à 60 personnes sont toujours piégées."
L'institut météorologique et de géophysique indonésien, le BMKG, a lancé une alerte au tsunami et l'a levée 34 minutes plus tard. Beaucoup le lui reprochent, alors que les autorités assurent que les vagues ont déferlé avant la levée de l'alerte.
Le BMKG a déclaré que son capteur le plus proche de Palu, situé à 200 km des côtes, n'avait enregistré qu'une vague "insignifiante" de 6 cm.
"Il se pourrait que le choc de la secousse ait déclenché un glissement de terrain sous-marin", a déclaré Abdul Muhari, un sismologue qui conseille le gouvernement.
L'Indonésie, située sur la ceinture de feu du Pacifique, est régulièrement meurtrie par les tremblements de terre. Le plus dévastateur est survenu le 26 décembre 2004, lorsqu'un séisme de magnitude 9,5 a provoqué un tsunami géant qui a tué 226.000 personnes le long des côtes de l'océan Indien, dont plus de 126.000 en Indonésie.
Les Célèbes (Sulawesi en indonésien) sont situées à quelques centaines de km au nord-est de l'île touristique de Lombok, où une série de séismes a fait un demi-millier de morts en août.
Des raz-de-marée s'étaient déjà produits en 1927 et en 1968 à Palu, une ville dont la situation au fond d'une baie étroite large de 2 km et longue de 10 km amplifie la puissance des vagues en cas de tsunami. (Pigiste Reuters à Palu, avec le bureau de Reuters à Djakarta; Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)