Tokyo, 4 mars 2019 (AFP) - Le nouvel avocat principal de Carlos Ghosn s'est dit lundi plus optimiste que son prédécesseur sur la possibilité d'une libération sous caution de son client, grâce à une stratégie "totalement différente".
Maître Junichiro Hironaka, surnommé "l'innocenteur" pour avoir obtenu nombre d'acquittements d'inculpés de haute volée, a déposé jeudi dernier une demande de libération sous caution de M. Ghosn, qu'il a qualifiée de "convaincante".
Il s'agit de la troisième après l'échec des deux premières requêtes d'un précédent avocat, Motonari Otsuru.
"Il ne serait pas étrange" que la mise en liberté de M. Ghosn soit acceptée, a dit M. Hironaka à la presse, tout en indiquant qu'il lui semblait "inexact de dire que M. Ghosn ne serait pas libéré tant qu'il n'aurait pas avoué".
Le tribunal de Tokyo n'a toujours pas tranché sur cette demande, mais la décision devrait "tomber sous peu", selon M. Hironaka, qui, en cas de refus, "fera appel".
Dans sa nouvelle requête, M. Hironaka, qui a désormais accès à une partie des pièces à conviction, propose que M. Ghosn soit surveillé par des caméras avec des moyens limités de communiquer avec l'extérieur.
Interrogé sur le fond de l'affaire, il insiste sur le fait qu'il trouve "curieux" que "seuls M. Ghosn et son ex-bras droit Greg Kelly soient inculpés alors que les faits reprochés remontent à une dizaine d'années et ont dû être connus d'autres dirigeants de Nissan".
M. Hironaka s'interroge aussi sur l'utilisation opportuniste par Nissan d'une nouvelle loi sur la négociation de peine, alors que les faits sont anciens.
"Je veux avancer avec une toute nouvelle façon d'aborder le dossier", a-t-il dit, sans livrer de détails sur sa stratégie.
M. Ghosn est inculpé pour avoir minoré ses revenus déclarés aux autorités boursières dans des documents remis par Nissan pour les années 2010 à 2018.
M. Kelly, qui avait été arrêté en même temps le 19 novembre, est inculpé aussi sur ce point, de même que Nissan, en tant que personne morale.
M. Kelly a été libéré sous caution fin décembre.
M. Ghosn est en outre inculpé pour abus de confiance, sur des soupçons d'avoir tenté de faire porter à Nissan le fardeau de pertes financières personnelles et d'avoir rétribué, via une filiale du constructeur d'automobiles, un ami saoudien qui s'était porté garant pour le sortir de cette mauvaise passe.
M. Ghosn a dénoncé lors d'un entretien avec l'AFP "un complot" de Nissan à son encontre alors qu'il travaillait à la consolidation de l'alliance Renault-Nissan, projet d'intégration qui suscitait l'anxiété au sein du constructeur japonais.
Son avocat dit cependant vouloir surtout se concentrer sur "les accusations portées contre son client" plutôt que sur le contexte politico-économique.