La dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire a bondi de 5,3% l’an dernier, s'établissant à 7.800 milliards de dollars, tandis que les flux nets d’endettement (versements bruts moins remboursements du principal) provenant de créanciers étrangers ont fléchi de 28% à 529 milliards de dollars.
Selon Banque mondiale, si, en moyenne, le fardeau de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire est resté modéré, la situation se dégrade dans plusieurs pays depuis 2009.
La part des pays à revenu faible et intermédiaire affichant un ratio dette/RNB inférieur à 30% a reculé de 42% il y a dix ans à 25% actuellement. Le nombre de pays ayant un ratio dette/exportations élevé a en revanche augmenté.
"Beaucoup de pays en développement ont besoin de plus d’investissements pour pouvoir atteindre leurs objectifs et croître plus vite", avertit David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, cité dans un communiqué de l'institution de Bretton Woods.
"La transparence de la dette doit s’appliquer à toutes les formes des engagements publics, y compris aux dettes cachées ou implicites. Il s’agit d’une condition indispensable pour attirer plus d’investissements et assurer une allocation efficace des capitaux, ce qui est au cœur de nos efforts visant à améliorer les résultats de développement", a-t-il ajouté.
L’accroissement de l’encours de la dette s’explique par un bond de 15% enregistré en Chine, attisé par l’appétit des investisseurs pour les actifs libellés en renminbi.
Compte non tenu des dix plus gros emprunteurs du monde (Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Chine, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Mexique, Thaïlande et Turquie), l’encours de la dette extérieure a augmenté de 4%.
Les pays d’Afrique subsaharienne (à l’exclusion de l’Afrique du Sud) ont vu leurs stocks gonfler en moyenne de 8% en 2018 avec, dans plus de la moitié des cas, des encours multipliés par deux depuis 2009.
Les flux nets d’endettement vers les pays à revenu faible et intermédiaire et provenant de créanciers multilatéraux ont bondi de 86%, sous l’effet principalement du soutien apporté à l’Argentine par le Fonds monétaire international (FMI).
Ils sont restés globalement inchangés par rapport à l’an dernier si l'on ne tient pas compte de cette opération.
Le rapport note par ailleurs un ralentissement des emprunts alloués par des pays non membres du Club de Paris en direction de pays éligibles à l’aide de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres.
La part des nouveaux engagements de créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris a reculé à 17% (une évolution qui confirme une tendance à la baisse depuis 2010, où elle ressortait à 43%), tandis que la part des créanciers bilatéraux du Club de Paris est restée stable à 12%.
Cette nouvelle édition des Statistiques sur la dette internationale propose pour la première fois une ventilation entre dette publique et dette à garantie publique — emprunts contractés par le gouvernement ou d’autres acteurs publics ou opérations privées garanties par l’État. Les informations fournies ne concernent donc plus uniquement la dette publique, mais bien les passifs éventuels explicites des États.
"Les schémas d’emprunt et les instruments de dette ayant évolué au fil du temps, les statistiques sur la dette internationale se sont adaptées, en approfondissant et élargissant l’analyse", indique Haishan Fu, directrice du Groupe de données sur le développement de la Banque mondiale.
"Ce qui n’a pas changé, c’est l’objectif premier de ce rapport : fournir en temps utile des données complètes sur la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire, en appui à la gestion de l’endettement et aux décisions politiques requises", relève-t-il.
Les émissions obligataires des pays à revenu faible et intermédiaire — qui constituent pour certains une source essentielle de financement — ont chuté de 26% en 2018 à 302 milliards de dollars, sur fond d’aggravation de l’incertitude mondiale, de durcissement des marchés financiers et de baisse des cotes de crédit.
Mais, avec 17 milliards de dollars d’émissions, les pays d'Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue) ont atteint un niveau record.
Deux facteurs caractérisent les émissions de 2018 : elles sont assorties d’échéances plus longues et, dans tous les cas, la demande a été supérieure à l’offre.
Globalement, les flux financiers nets en direction des pays à revenu faible et intermédiaire, qui comprennent les apports générateurs de dette et les prises de participation, ont reculé de 19% en 2018, ressortant à 1.000 milliards de dollars.
Leur volume a cependant chuté de 28% si l’on ne tient pas compte de la Chine, qui représente pratiquement la moitié des flux nets d’endettement et 43% des apports de fonds sous forme de participations.■