Vladimir Poutine envahit l’Ukraine, en plein cœur de l’Europe, à quelques encablures des bases de l’Otan, menaçant la stabilité de tout l’Occident et mettant en échec toutes les manœuvres des États-Unis et de l’Union européenne pour freiner les visées expansionnistes du président russe. Le chef du Kremlin envahit une nation souveraine, indépendante depuis 30 ans, après l’effondrement de l’ex-URSS.
Dans un premier temps, l’objectif visé est de faire chuter un gouvernement élu démocratiquement par les urnes. C’est le premier acte d’un bras de fer qui impose la loi de Moscou face à la communauté internationale, dépassée par l’ampleur du projet russe.
Le second acte consiste en la mise à nu des limites réelles de l’Europe, du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’OTAN qui ne peuvent que constater, réagissant par des mots et des formules de circonstance face au spectre d’une guerre totale, voulue et assumée par un Vladimir Poutine, qui montre chaque jour qu’il est prêt à aller au bout de son élan vers le pire scénario envisageable, à savoir l’usage de l’arme nucléaire s’il devait en arriver là.
La question que se posent aujourd’hui tous les observateurs et autres analystes des conflits est la suivante : Vladimir Poutine peut-il user de son arsenal nucléaire pour faire face aux Américains et aux Européens en cas d’escalade dévastatrice du conflit ? La réponse, c’est le président russe lui-même qui la donne.
En effet, le 28 février, aux côtés de son ministre de la Défense Sergueï Choïgou et de son chef d'état-major des armées Valéri Guérassimov, le président russe Vladimir Poutine a été limpide en affirmant devant les chaînes de télévision qu’il a mis les forces «de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat». Autrement dit, il s’agit là des forces de dissuasion composées d’armes nucléaires.
Tout porte à croire que le chef du Kremlin a franchi un point de non-retour. Il est décrit par de nombreux spécialistes comme un chef d’État qui est entré dans une phase d’isolement doublé de paranoïa, répétant les mêmes ordres à ses proches collaborateurs dans un accès de rage et de «colère», celle d’un homme qui est aujourd’hui prêt à donner une leçon aux Américains et aux Européens, avançant comme justificatifs sa volonté de rectifier l’histoire et de redonner à la Russie sa place de grand empire.
Le principe étant simple pour Vladimir Poutine, qui s’est assuré dans un premier temps que le reste du monde se contente déjà d’être le spectateur faillible face à l’invasion d’un grand pays souverain.
Dans un deuxième temps, l’escalade menace déjà la Pologne, avec laquelle la Russie a toujours eu des relations extrêmement tendues. Ensuite, ce sont les trois pays Baltes qui risquent de faire les frais de la «folie» Poutine, à savoir la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Ce qui finira par compléter le grand axe allant de la mer baltique à la mer noire. Ce qui constitue pour Vladimir Poutine, la première pierre d’achoppement de son futur empire russe.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste