Le président de la transition du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en janvier dernier, a été démis de ses fonctions, ont annoncé des militaires, vendredi soir, sur la télévision nationale.
"Le lieutenant-colonel Damiba est démis de ses fonctions de président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration" (MPSR, organe dirigeant), ont déclaré les militaires dans un communiqué lu par un capitaine sur la télévision nationale burkinabé. Le nouvel homme fort du pays, désigné président du MPSR, est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, a-t-il ajouté.
Les militaires ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays à partir de minuit, ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition. Un couvre-feu de 21H00 à 05H00 est aussi mis en place.
Les militaires invoquent "la dégradation continue de la situation sécuritaire" dans le pays. "Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, animés d'un seul idéal, la restauration de la sécurité et de l'intégrité de notre territoire", ont-ils déclaré.
Damiba avait promis en prenant le pouvoir le 24 janvier de faire de la sécurité sa priorité, dans ce pays miné depuis des années par de sanglantes attaques jihadistes. Mais celles-ci se sont multipliées ces derniers mois, notamment dans le Nord.
Auparavant, le porte-parole du gouvernement burkinabé, Lionel Bilgo, avait annoncé que la situation au Burkina Faso où des tirs ont été entendus et des soldats ont pris position vendredi sur de grands axes de la capitale Ouagadougou, est liée à "une crise interne à l'armée".
"C'est une crise interne à l'armée, les échanges se poursuivent pour un dénouement sans écueil", avait affirmé Bilgo, cité par des médias.
Pour sa part, le président Damiba avait invité les populations "à observer la plus grande prudence et à rester calme face à certaines informations qui circulent notamment sur les réseaux sociaux".
Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés aux jihadistes d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique, principalement dans le nord et l'est du pays, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Depuis l'an dernier, le Burkina est devenu l'épicentre des violences dans le Sahel, avec plus d'attaques meurtrières qu'au Mali ou au Niger en 2021, selon l'ONG Acled. Plus de 40% du territoire est hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels.