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Présidentielle ivoirienne : «ADO»,  le pouvoir est doux, n’est-ce pas ?

Présidentielle ivoirienne : «ADO»,  le pouvoir est doux, n’est-ce pas ?

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. La preuve ? Le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, ou plus affectueusement «ADO», 83 ans, vient de déclarer sa candidature à un quatrième mandat présidentiel en octobre 2025, avec cette formule bien choisie : «Le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi». 

La formule a du style. Une phrase alambiquée, un peu solennelle, mais terriblement efficace. Elle pourrait orner une plaque de marbre dans le hall de la présidence ou être imprimée sur des tee-shirts distribués dans les meetings.

Mais elle pourrait aussi servir à bien d’autres leaders qui aiment se dédire sans vergogne. On imagine déjà d’autres présidents, en quête d’excuse noble, affirmer avec verve et conviction : «J’avais promis, mais j’ai changé d’avis par amour de la République».

C’est l’élégance syntaxique au service de la torsion politique. 

Ouattara y va donc, «après mûre réflexion et en toute conscience». Et surtout par devoir (sic !).

Jadis, on invoquait le devoir pour défendre la patrie. Aujourd’hui, c’est pour briguer un nouveau bail à la tête de l’Etat. Le devoir, c’est pratique : il passe partout et peut s’inviter à tout moment, surtout quand les candidats sérieux sont écartés. Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et d’autres figures de l’opposition ? Inéligibles. 

Mais soyons honnêtes : Alassane Ouattara ne se cache pas. Il assume. Il a la santé, il a la Constitution avec lui (version 2016, bien entendu) et il a surtout une majorité qui le supplie de rester.  «Je suis candidat parce que la Constitution de notre pays m’autorise à faire un autre mandat et ma santé le permet. Je suis candidat parce que notre pays fait face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, dont la gestion exige de l’expérience», a-t-il déclaré. 

Il fut pourtant un temps, pas si lointain, où le président clamait haut et fort sa volonté de passer le relais. En mars 2020, il annonçait vouloir transférer le pouvoir à une «jeune génération». 

Mais la mort subite d’Amadou Gon Coulibaly l’avait poussé à reconsidérer ses plans. Un «cas de force majeure», disait-il alors. Cette fois-ci, c’est le «devoir» qui le pousse à rester. Entre les deux, la ligne est fine mais glissante : la promesse devient une parenthèse que les impératifs de la Nation referment à la hâte.


Très cher pouvoir 

Mais on peut comprendre l’homme. Il a pris goût au pouvoir. Comme le dit l’Ivoirien, le pouvoir est doux.

Ouattara est là depuis 2011. Il a été réélu en 2015, puis en 2020 avec des scores très soviétiques : 83% et 94% respectivement. 

Alors, pourquoi s’arrêter à trois quand on peut faire quatre ? Surtout, quand on vous dit que ce mandat sera celui de «la transmission générationnelle». 

Bien évidemment, l’opposition s’indigne. Elle parle de dérive, de confiscation du pouvoir et d’élimination des concurrents par voie judiciaire.  Mais les dés sont jetés.

Alors ? Alors, il faut espérer que ces élections se déroulent, comme le souhaite Ouattara, dans un cadre apaisé. Rappelons-le, les violences électorales lors de la présidentielle de 2020 ont fait plus de 80 morts et près de 500 blessés.

Moralité de cette nouvelle candidature de «ADO» ? Un jour l’on se souviendra qu’un président octogénaire, au nom du devoir, a décidé de faire ce que tant de ses pairs ont fait avant lui : s’agripper au pouvoir. Résolument. 

Parce qu’en Afrique, il y a une vérité immuable : à force de répondre à l’appel du devoir, certains chefs d’Etat finissent par ne plus entendre celui de la démocratie.

 

D. William

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