Et pourtant, Robert Mugabe s’accroche toujours au pouvoir. Je le disais tantôt : en Afrique, ce n’est pas tant l’âge des présidents qui dérange, mais plutôt leur longévité au pouvoir. Tant et si bien qu’après toutes ces décennies dans leurs fauteuils présidentiels, ils en arrivent à oublier qu’ils n’en sont que de simples locataires. Alors, au mieux ils tripatouillent la Constitution, truquent les élections ou essaient de transmettre vulgairement le pouvoir à leurs proches; au pire ils répriment leur peuple par le sang.
Au Zimbabwe, l’armée s’est réveillée. Dans un coup d’Etat qui ne dit pas son nom, qualifié plutôt d’opération contre «les criminels» proches de Mugabe, elle a ravi le pouvoir depuis trois jours maintenant. Mettant fin à une tentative subtile de transmission du fauteuil présidentiel à Grace Mugabe, la Première dame. Laquelle, devant un mari affaibli, dirige actuellement dans l’ombre le pays.
L’armée a entamé des discussions avec Robert Mugabe. Mais ce dernier refuse toujours d’abdiquer, quand bien même il est assigné à résidence surveillée. Il s’accroche. La presse rapporte par ailleurs que l’armée entend mettre en place un gouvernement de transition, regroupant le Zanu-PF au pouvoir et l’opposition conduite par le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Pour l’heure en tout cas, la situation politique au Zimbabwe reste très confuse. Mugabe sera-t-il au final destitué, comme le laisse entendre la presse locale ? Avec le recul, celui qui, pendant presque 50 ans, a marqué de son empreinte la vie politique zimbabwéenne a-t-il vraiment quelque chose à perdre ?
Apparemment non. Mais, comme dirait l’autre, «la possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison».■
D. W.