Dans ce quartier populaire, tout se savait. Les étrangers que nous étions étaient fliqués en permanence, sans que nous ne le sachions forcément. C’est avec le temps que nous le comprîmes.
Le temps, nous le gérions comme nous pouvions, particulièrement les week-ends.
Il nous arrivait de remplacer les longues séances nocturnes de belote et de thé par des soirées dansantes.
J’en organisais beaucoup à l’époque pour arrondir les fins de mois.
J’exerçais alors mes modestes talents de DJ sur les platines de night club comme La Cage, Club 84, Jockey Club, des discothèques qui, si je ne me trompe, n’existent plus.
Le temps, une notion que j’ai mieux comprise quand j’ai entamé mes premières démarches au sein de l’administration marocaine.
Pour avoir son titre de séjour, c’était un véritable parcours du combattant.
J’ai dû déposer mon dossier au moins une dizaine de fois, en me conformant à une liste de pièces à fournir bien définie et publiquement affichée à la préfecture de police de Roches Noires.
Et une dizaine de fois on m’a dit qu’il me manquait une pièce ou qu’il fallait en refaire une autre qui n’était plus valide.
Ils prenaient leur temps. En me faisant perdre le mien.
Cela traîna plusieurs mois avant que je ne puisse enfin obtenir un récépissé. Et la carte de séjour ne sortit jamais.
Je n’ai eu possession de ma première carte que quatre années après mon arrivée au Maroc, lorsque j’ai déménagé à Oulfa et que je me suis adressé à la préfecture de Hay Hassani.
Et je n’étais plus étudiant, mais salarié.
Aujourd’hui encore, les étudiants éprouvent toujours les mêmes difficultés.
Les pièces à fournir ne sont jamais les mêmes selon que l’on dépend de telle ou telle préfecture.
(A suivre)
D. W.