• Des troubles civils dans certains pays de la région pourraient évoluer avec l’accroissement de l’impact du virus.
• Il est nécessaire de financer des programmes durables et efficaces pour la sécurité du continent.
La crise de la Covid-19 a eu un effet dévastateur sur l'ordre mondial, y compris en Afrique. La pandémie n'est pas considérée uniquement comme un problème de santé, car les implications sont également importantes sur les sphères socioéconomique, politique et sécuritaire. Une évolution qui pose la question cruciale de la capacité de l’Afrique à absorber les conséquences de cette crise.
Dans ce contexte, le Policy Center for the New South a organisé, sous forme de webinar, une édition spéciale de l'un de ses évènements annuels phares, à savoir la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique, baptisée pour l'occasion «APSACO Talks».
Il a été question lors de ce débat de soulever les problématiques précitées à travers plusieurs thématiques, dont une intitulée : «Secteur de la sécurité en Afrique pendant et après la crise Covid-19».
Pour Rachid El Houdaigui, membre compagnon senior de Policy Center for the New South : «Cette conférence donne l’occasion d’échanger sur les connaissances et les expériences avec les représentants d’organisations internationales et régionales, des experts, des politiciens et des acteurs de la société civile afin d’évaluer la performance générale dans la mise en œuvre des mesures de sécurité pour les pays de la région».
Ce panel a en effet examiné l'impact de la pandémie sur le secteur de la sécurité en Afrique, tout en jetant la lumière sur les domaines qui devraient être renforcés ainsi que les stratégies nationales pour contrer les conflits et les crimes.
La pandémie renforce l’insécurité
Lors de cet événement, il a été relevé par les intervenants la forte poursuite, malgré la crise sanitaire, des situations de violences intercommunautaires et interethniques dans certains pays de la région. Violences qui pourraient s’accentuer à mesure que l’impact de la Covid-19 s’accroît, entraînant la perte de moyens de subsistance et une insécurité alimentaire accrue.
Badreddine El Harti, directeur de l’Etat de droit et des institutions sécuritaires au PNUD et conseiller spécial du président du Burkina Faso, a indiqué pour sa part : «Cette crise sanitaire comporte une multitude de couches de crises à fort impact humanitaire, et des effets directs et négatifs sur la sécurité. Il faut aujourd’hui financer des programmes durables et efficaces pour la sécurité du continent».
Selon lui, les troubles civils pourraient s'aggraver suite à des conditions socioéconomiques affaiblies et si les accords de paix et les réformes venaient à échouer.
Intervenant également lors de ce meeting, Yonas Adaye Adeto, directeur de l’Institut d'études sur la paix et la sécurité, (IPSS) explique quant à lui «Les groupes extrémistes pourraient ainsi utiliser la pandémie pour améliorer leur position et augmenter leur recrutement dans toute la région. Cette dynamique fragiliserait fortement le tissu économique. Sur l’aspect social, la fermeture des écoles a aussi eu des retombées négatives sur les jeunes, qui n’ont plus de visibilité sur leur avenir».
Il ressort des propos des intervenants que cette double crise, à la fois sanitaire et économique, conduirait à de fortes tensions sécuritaires en Afrique, produisant des effets nuisibles sur la viabilité de la région.