Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Pour les climatosceptiques, tout indice est bon à prendre pour nier les réalités, pourtant flagrantes, du réchauffement climatique qui frappe la Terre depuis au moins 50 ans. Dans le rapport publié, en avril 2023, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) tire la sonnette d’alarme face à une planète asphyxiée et qui va vers la catastrophe. Sans une prise de conscience effective des entreprises, des dirigeants et des citoyens, la planète Terre ne peut rester "vivable". Tout comme sans une réduction "rapide, radicale et le plus souvent immédiate des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs », l'humanité va à sa perte. Voici quelques données pour mesurer la gravité de la catastrophe qui nous pend au nez.
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de + 51 % entre 1990 et 2020.
Les émissions de CO2 fossile représentent trois quarts des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, qui ont atteint 55,6 GtCO2éq. en 2020.
En 2020, la Chine représente 32 % de ces émissions, les États-Unis 15 % et l’Union européenne 7 %. En moyenne mondiale, les émissions ramenées à la population sont de 4,6 tonnes de CO² par an et par habitant, soit 8 % de plus qu’en 1990.
En 2021, les émissions moyennes par habitant s’élevaient à 17,2 t CO²eq en Amérique du Nord, à 7,9 tCO²eq au sein de l’Union et à 2,3 tCO²eq en Afrique.
Ces émissions de gaz à effet de serre ont entraîné une augmentation de + 1,1°C de la température moyenne annuelle au niveau mondial depuis la période 1850/1900.
En 2020, les émissions de GES de l’UE à 27 ont diminué de 8,4 % par rapport à 2019 (hors UTCATF), baisse notamment provoquée par la crise sanitaire ; elles sont inférieures de 32 % par rapport à leur niveau de 1990.
Dans l’UE, le premier secteur émetteur est l’industrie de l’énergie.
Le rythme d'augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère entre 1900 et 2019, largement liée aux énergies fossiles, est au moins dix fois plus élevé que lors de n'importe quelle autre période des 800.000 dernières années. Pire, la concentration de ce gaz dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis plus de 2 millions d'années.
Le globe va vers un réchauffement désastreux de 3,2°C d'ici à la fin du siècle.
3,3 à 3,6 milliards de personnes sont désormais "très vulnérables", soit près de la moitié de l'humanité. Sécheresse, canicules, tempêtes, inondations, pénuries d'eau... Les catastrophes naturelles se multiplient à une vitesse effrénée ces dernières années.
Selon le Giec, les ménages avec les 10% des plus hauts revenus dans le monde - dont les deux tiers vivent dans des pays développés - représentent à eux seuls entre 36% et 45% des émissions totales de gaz à effet de serre.
Les émissions liées au mode de vie des classes moyennes et défavorisées des pays développés sont de 5 à 50 fois plus élevées que celles de leurs homologues dans les pays en développement, alertent les experts.