La crise hydrique au Maroc s’est transformée en un défi national qui mobilise l’ensemble des régions du Royaume. Des efforts inlassables sont déployés pour assurer un approvisionnement constant en eau potable, un enjeu vital pour la survie des populations, mais aussi pour le développement économique et agricole. Face à cette situation préoccupante, les régions de tout le pays, des provinces rurales aux grandes métropoles, se montrent résilientes et innovantes.
Au delà des grands projets inscrits dans une vision stratégique à long terme émanant des hautes orientations royales à l’instar du Programme National d’Approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI). Des actions locales sont menées à travers le pays pour entrer dans cette dynamique de mobilisation de ressources hydriques, tout en promouvant des mesures drastiques d’économie d’eau.
À El Jadida, des solutions avant-gardistes sont mises en place pour répondre aux besoins croissants en eau potable dans les zones rurales. Avec la construction des stations monoblocs de dessalement d’eau de mer et l’acquisition de camions citernes, la province se positionne en première ligne pour lutter contre la pénurie d’eau.
Actuellement, deux stations de dessalement sont opérationnelles, produisant 1.160 m3 d’eau potable par jour. Cinq autres sont en cours de réalisation, promettant un effort précieux pour l’approvisonnement en eau de près de 70.000 habitants dans plusieurs communes rurales. Cette initiative s’inscrit dans un programme national plus large qui prévoit la construction de 40 stations monoblocs pour faire face à la crise hydrique dans tout le pays.
Mouchine Moursil, responsable eau potable à la Régie intercommunale (RADEEJ), souligne que ce projet ne se limite pas à l’approvisionnement immédiat des populations, mais qu’il représente un tournant stratégique dans la gestion de l’eau au Maroc. En parallèle, une flotte de camions citernes assure une distribution régulière dans les douars, permettant de maintenir un niveau d’accès à l’eau potable malgré les sécheresses.
Du côté de Marrakech, la ville célèbre pour ses palmeraies et ses golfs luxuriants, n’est pas épargnée par la situation. Cependant, une solution innovante a vu le jour : la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation. La station de la RADEEMA a révolutionné la manière dont la ville gère ses ressources en eau.
Depuis sa mise en service, elle permet de réutiliser chaque année jusqu’à 12 millions de m3 d’eaux traitées, destinées à l’irrigation des espaces verts et des golfs, réduisant ainsi la pression sur les ressources en eau potable. Ce projet, en constante expansion, vise à atteindre une capacité de 35 millions de m3 par an d’ici 2030, tout en explorant de nouveaux usages industriels.
Adil Daoudi, directeur administratif de la RADEEMA, met en avant l’importance cruciale de ce projet, pour l’avenir de Marrakech. La ville devient un modèle pour d’autres régions du Royaume en matière de gestion durable de l’eau, en exploitant des solutions modernes face à un problème pressant.
De son côté, la région de Rabat-Salé-Kénitra adopte également une approche proactive pour la gestion des eaux. Ses STEP produisent des ressources hydriques à forte valeur ajoutée, favorisant la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation des espaces verts et des terrains de golf. Ces stations, installés dans des localités comme Oum Azza, Salé et Bouregreg, réduisent non seulement la consommation d’au potable mais améliorent également l’environnement en limitant les rejets polluants.
Avec une production de 56 000 m3 par jour, ces STEP permettent d’irriguer un vaste réseau de 1200 hectares d’espaces verts à travers toute la région, tout en offrant une solution innovante pour les professionnels du lavage automobile et de l’entretien des voiries. Ce modèle, doté de bornes intelligentes pour une gestion efficace, contribue à la réduction de la consommation d’eau potable de 11,7millions de m3.
In fine, au cœur de ce combat pour la préservation des ressources hydriques, le Royaume du Maroc se distingue par une approche intégrée, alliant innovation technologique, sensibilisation des populations et mise en œuvre de projets à grande échelle. Les défis sont encore nombreux, mais l’engagement des régions montre que des solutions existent pour relever ce défi de taille.
Chaque station de dessalement, chaque camion-citerne, chaque mètre cube d'eau usée réutilisée marque une avancée dans cette lutte pour l'eau, qui reste un enjeu crucial pour la sécurité et la prospérité du Maroc. Avec des projets ambitieux et une volonté politique affirmée, le Maroc trace la voie vers un futur où l’eau, même rare, sera gérée avec intelligence et durabilité.