Pour le ministre de l’Industrie et du Commerce, aucun rempart ne saurait résister au processus de développement et de modernisation de l’économie nationale : les contraintes que rencontre le Royaume sont plutôt de formidables opportunités de développement.
“L’optimiste est une forme de courage qui donne confiance aux autres et mène au succès». C’est ce que disait le militaire et fondateur du scoutisme anglais, Baden-Powell. Ryad Mezzour semble avoir fait sienne cette citation. Il l’incarne même. Optimiste, le ministre de l’Industrie et du Commerce l’est à souhait. Et il est particulièrement doué pour transmettre cet optimisme. Sa posture laisse penser que tout obstacle, toute contrainte qui se dresse devant le Maroc s’apparente plutôt à une excellente opportunité.
De faire autrement. De faire mieux. Deux exemples pour l’illustrer :
• le 5 octobre dernier, lors du Symposium de l’eau organisé par Finances News Hebdo (FNH), en partenariat avec le ministère de l'Equipement et de l'Eau et le ministère de l'Industrie et du Commerce, alors que les intervenants s’inquiétaient de la situation hydrique que connaît le Royaume, il tenait un discours résolument… déstressant. S’il reconnaît que le Maroc vit certes «un stress hydrique inédit», il n’en demeure pas moins que, pour lui, «il faut capitaliser massivement sur le dessalement de l’eau de mer».
«A travers le dessalement, nous avons accès à une eau qui est abondante que nous pourrons exploiter grâce aux technologies renouvelables, domaine dans lequel le Maroc est l’un des pays les plus compétitifs au monde. Contrairement à ce que nous pourrions être tentés de penser, l’avenir au Maroc sera un avenir d’abondance; il suffit d’y travailler et d’y croire», disait-il.
• le 6 avril courant, Mezzour remettait ça, à l’occasion du ftour-débat organisé par FNH sur la «Taxe carbone : Contrainte ou opportunité pour le Maroc ? Pour le ministre, «le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF, ndlr) est une bonne nouvelle, parce qu’il va permettre de créer plein d’emplois. Il s’agit d’une énorme opportunité pour le Maroc, puisqu’il va permettre d’éliminer des concurrents qui n’ont pas les mêmes atouts que nous et nous faire gagner des parts de marché. Il faut savoir tirer profit du MACF et jouer nos cartes au bon moment, ni trop tôt ni trop tard, avec intelligence. Car, aujourd’hui, l’enjeu pour le Maroc est de changer de palier, de niveau de développement, ce mécanisme étant une autoroute pour sortir de la trappe des pays en voie de développement».
Mezzour fait-il preuve d’un optimisme béat ? Non, à l’évidence : d’abord, pour réduire sa dépendance de la variabilité climatique, le Maroc est obligé de miser sur les technologies innovantes comme le dessalement, compte tenu surtout des pas de géant accomplis dans le domaine des énergies renouvelables, qui ont rendu le coût de l’énergie plus compétitif.
Ensuite, le Maroc dispose d’un large potentiel en énergies renouvelables, particulièrement dans l’éolien, le solaire et les énergies marines qui, bien exploité, devrait lui permettre de jouer un rôle autrement plus important dans les chaines de valeur mondiales. La positive attitude de Mezzour s’appuie donc sur du factuel, non sans minimiser les contraintes, d’autant que tant pour le dessalement que pour la décarbonation, il y a des investissements conséquents à consentir.
Une attitude bienvenue
L’attitude de Mezzour est légitime et bienvenue : elle peut donner du peps à une collectivité passablement désabusée aujourd’hui par la grisaille de la conjoncture économique actuelle, qui tend à tétaniser les opérateurs économiques et à saper le moral des ménages. C’est pourquoi le ministre appelle, d’un côté, les pouvoirs publics à sortir de leur léthargie et à se débarrasser de leur peur, et, de l’autre, à ce que nous soyons ambitieux en croyant en ce Maroc qui peut changer radicalement dans les 5 prochaines années.
Bref, de son intervention lors du ftourdébat sur la décarbonation, Mezzour a montré une autre facette de lui : un showwan convaincant, convaincu qu’aucun rempart ne saurait résister au processus de développement et de modernisation de l’économie nationale. Un showman qui a une parfaite maîtrise des dossiers dont il a la charge et qui croit profondément en ce Maroc, en son potentiel et en ses capacités. Un showman capable de galvaniser les troupes, et qui peut surtout, dans un discours teinté d’humour, flatter la vanité du coq de la basse-cour jusqu’à ce qu’il se prenne pour un bélier et donne des coups de corne.