Selon les projections des Nations unies, l’Afrique devrait compter 2,5 milliards d’habitants en 2050 et son PIB devrait passer de 2.900 milliards en 2022 à 4.700 milliards en 2027 selon le FMI. Cette croissance sera irrémédiablement à l’origine de grands défis qui porteront notamment sur l’énergie, l’urbanisation, la digitalisation des administrations et politiques publiques ainsi que le développement de l’industrialisation du continent.
En effet, l'accélération de l'industrialisation durable en Afrique est l'un des défis majeurs auxquels le continent est confronté. La mise en place de mesures de développement industriel est devenue un enjeu de taille pour stimuler l'activité économique et encourager la transformation structurelle.
A cet égard, le cabinet de conseil hybride, TNP Consultants, a organisé, jeudi 22 juin 2023 à Casablanca, la 3ème saison de son programme d’événements «Les histoires de demain», sous le thème : Accélérer et financer l’industrialisation durable de l'Afrique.
Cet événement s’est déroulé sous forme de plusieurs tables rondes portant notamment sur l’utilisation de la donnée publique pour le développement, les modèles de transition énergétique et d’industrialisation, la mobilité et les Smart cities, ainsi que les solutions innovantes en faveur de la transition énergétique.
S’exprimant à cette occasion, Frédéric Pichard, consultant chez TNP, a souligné que la transition énergétique n’est plus une perspective lointaine mais une urgence qui va changer massivement l’économie. Elle représentera, selon lui, un effort colossal d’investissement, notant par ailleurs que les financements publics doivent compléter les financements privés, avec de nouvelles formes de partenariat.
De son côté, Eric Bonnel, conseiller chez la Chambre française de commerce et d'industrie du Maroc (CFCIM), a mis la lumière sur l’expérience du Maroc en matière d’accélération de l’industrialisation durable, soulignant que le Royaume fait partie des meilleurs pays du continent en la matière. «En parlant d’accélération de l’industrialisation en Afrique, l’exemple qu’on peut citer est le Maroc. Avec son plan d'accélération industrielle, c’est le seul pays en Afrique qui a pu mettre en place une vraie stratégie industrielle, de mettre en place les écosystèmes notamment automobiles et aéronautiques et également les infrastructures comme Tanger Med qui est devenu le 1er port africain et le 23ème au niveau mondial».
Dans le même ordre d’idées, Benoit Ranini, président de TNP, a relevé que le Maroc est pionnier en matière de greenification et que celle-ci nécessite des capitaux importants. «Le Maroc est un champion industriel pour l’Afrique. L’industrie africaine va connaître dans les prochaines années une accélération drastique et cela exige trois conditions, à savoir une énergie abondante et pas chère, la formation de plus d’ingénieurs et de techniciens et des financements. Dans ce mouvement d’accélération de l’industrialisation de l’Afrique, on remarque une part significative de la greenification, mais avant de greenifier l’industrie africaine, il faut la construire. Notant que la greenification d’une industrie coûte plus cher que la construction d’une industrie carbonée».
Et de conclure : «Il faut trouver un juste équilibre entre une accélération structurelle de l’industrialisation de l’Afrique et sa greenification. Le Maroc est leader en matière de greenification à travers notamment une politique très forte autour du photovoltaïque, de l’éolien et de l’hydrogène vert, mais d’autres pays n’ont pas encore, ni le niveau de maturité, ni les compétences, ni les capitaux pour se lancer. Il va falloir donc être plus pragmatique».