Encore une voix discordante au sujet de l’Accord de pêche Maroc-Union européenne. Cette fois, elle nous vient de l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), Melchior Wathelet (photo). Ce dernier juge en effet cet accord invalide. Il estime, dans un avis rendu ce mercredi devant la Cour européenne de justice, qu’à travers cet accord, «l’Union européenne a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination».
Cela reste juste un avis et non un arrêt définitif du tribunal, mais ce dossier renseigne visiblement sur l’incapacité de l’Union européenne à parler d’une seule voix : ça cafouille et ça bafouille beaucoup. Et l’UE semble ne pas savoir sur quel pied danser.
Rappelons-nous que mi-décembre dernier, l’UE a affiché un satisfecit appuyé des retombées socio-économiques de l’Accord de pêche avec le Maroc. Dans un rapport élaboré par la direction des Affaires maritimes relevant de l’exécutif européen, l’UE estimait que l’accord s’est révélé «efficace dans l’atteinte de son objectif de durabilité de l’exploitation» et de soutien au développement durable du secteur.
Mieux encore, le rapport évoque un bon retour sur investissement pour l’Union : chaque euro investi est estimé supporter la création de 2,78 euros de valeur ajoutée totale (directe et indirecte) pour le secteur de la pêche européen. A rappeler que le rapport d’évaluation de décembre 2010 estimait qu’un euro investi par l’UE ne générait que 0,65 euros de valeur ajoutée totale.
Ce bon retour sur investissement explique ainsi pourquoi le rapport recommande en définitive de renouveler cet accord qui arrivera à échéance en juillet 2018.
Avec tout cela, que veut de plus l’UE ? Vu la cacophonie actuelle, difficile de répondre à cette interrogation.■
D. W.