L’accès au financement formel (accordé par une banque ou un établissement financier) reste un défi pour une Petite et Moyenne Entreprise (PME) marocaine sur deux, a révélé une enquête de la Banque européenne d’investissement (BEI), menée dans le cadre du Trade and Competitiveness Programme (TCP) cofinancé par l'Union européenne (UE).
Il s'agit du second volet de "Enquête BEI/UE : Les défis des PME au Maroc en 2025" réalisée auprès de 150 dirigeants de PME marocaines, principalement actives dans des chaînes de valeur stratégiques identifiées par le TCP, telles que le textile, l’agroalimentaire ou l’automobile, en raison de leur rôle clé dans l’économie nationale, précise un communiqué de la BEI.
Si près d’une PME sur deux déclare avoir obtenu un prêt auprès d’une institution financière, 35% des répondants affirment avoir dû recourir à des sources informelles (proches, amis ou membres de réseaux personnels) pour financer leur activité, fait savoir la même source, notant qu'il s'agit d'une pratique à la fois risquée, peu durable et inadaptée aux besoins de financement importants.
Par ailleurs, 15% des PME rapportent avoir essuyé un refus de prêt, soulignant les barrières existantes à l’accès au crédit. On constate que seules 1% des entreprises interrogées affirment n’avoir jamais sollicité de prêt formel ou informel, illustrant une forte dépendance des dirigeants de PME à la recherche de financement, quelle qu’en soit la source.
Parallèlement, les PME disent se heurter aux conditions d’accès au prêts, à savoir des taux d’intérêt peu avantageux (57%), des garanties exigées importantes (50%) et des fonds propres estimés comme insuffisants (26%).
Au regard des résultats de ces décisionnaires, les conditions restent difficiles à atteindre pour les entreprises de cette envergure.
D’autre part, il existe encore des contraintes intangibles qui ajoutent une couche supplémentaire de complexité : les procédures lourdes et complexes (53%), le manque d’accompagnement pour les suivre (27%), ainsi qu’une information insuffisante sur les options de financement disponibles (26%), limitant la capacité des PME à accéder efficacement aux dispositifs existants.
Dans ce sillage, la BEI met en exergue sa collaboration étroite avec les banques marocaines afin de rendre le système financier plus favorable aux PME.
À travers le TCP, par exemple, la BEI propose aux institutions financières locales des mécanismes de garantie partagée visant à réduire leur exposition au risque lorsqu’elles financent les projets d’investissement portés par les PME issues des chaînes de valeur stratégiques.
D’après l’enquête, plus d’un tiers des dirigeants estiment que le manque de financement constitue un obstacle direct à l’exportation. En revanche, quatre PME sur dix déclarent exporter, mais à une échelle très restreinte, en raison de moyens insuffisants pour se structurer et répondre aux exigences des marchés étrangers.
"Même avec des opportunités solides à l’international, obtenir un crédit reste un défi. Les conditions sont rarement adaptées à la réalité des PME. On nous demande des garanties que nous ne pouvons pas fournir, et les taux sont souvent trop élevés", témoigne un dirigeant d’une PME marocaine, cité par le communiqué.
Face à cette réalité, ledit programme se positionne comme un levier stratégique en proposant un accompagnement technique et financier sur-mesure.
La mise en place d’un dispositif structuré à partir d’un portfolio de garanties partiellement assurées par la BEI, de taux préférentiels, d’allègement de garanties et d’un accompagnement technique aux banques et aux PME, permet de libérer le potentiel d’investissement de ces dernières et renforcer leur compétitivité sur les marchés internationaux.
Au Maroc, la BEI avait signé un accord de partenariat avec la BCP afin de développer une ligne de crédit spécifique pour les PME issues des chaînes de valeurs exportatrices, rappelle le communiqué.