Le déficit hydrique auquel est confronté le Maroc est une épine dans le pied du gouvernement. Qui casse sa tirelire pour faire face à un phénomène largement amplifié par le changement climatique, et dont les conséquences sont les déficits pluviométriques sévères, la baisse drastique des nappes phréatiques, la faiblesse du taux de remplissage des barrages, ou encore des sécheresses rudes et fréquentes.
Après les 10 milliards de dirhams posés sur la table en 2022 pour déployer un programme exceptionnel de réduction de l’impact du déficit pluviométrique, le gouvernement vient de renouveler l’opération. Une nouvelle enveloppe de 10 Mds de DH a été mobilisée dans le cadre d’une convention signée mardi dernier entre le gouvernement et les professionnels du secteur de l’agriculture, circonscrite autour de trois axes : la protection du capital animal, la protection du capital végétal et le soutien aux filières, et le renforcement des capacités de financement du Crédit Agricole.
Encore une fois, l’Exécutif vient à la rescousse d’un secteur non seulement chahuté par les caprices de dame météo, mais également par les impacts de la conjoncture internationale. A-t-il vraiment le choix ? A l’évidence non. D’autant que l’agriculture reste la locomotive de l’économie nationale, le principal driver de la croissance, quand bien même le Royaume a également misé ces dernières années sur les métiers mondiaux du Maroc (aéronautique, automobile, textile et cuir, offshoring, électronique et agroalimentaire).
Et c’est là la faiblesse du modèle économique actuel : la croissance reste dépendante de l’agriculture, donc de la pluviométrie, à un moment où le changement climatique augure de conditions météorologiques de moins en moins favorables au développement des activités agricoles. Et c’est ce constat qui a d’ailleurs justifié le nouveau modèle de développement, une démarche ambitieuse annonciatrice d’une transformation structurelle profonde de l’économie nationale. Cette ambition, traduite par des objectifs chiffrés, se résume-t-elle en un vœu pieu ?
En tout cas, il est permis d’être sur la réserve, vu que l’objectif était de doubler le PIB par habitant, pour le porter de 7.800 dollars (PPA) en 2021 à 16.000 en 2035. Ce qui sous-tend un rythme de croissance de 6% en moyenne annuellement contre 3% actuellement. Niveaux dont le Maroc est bien loin…, au regard des chiffres de la croissance : 1,2% en 2022, 2,5% attendue en 2023, 3,3% en 2024 et 3,5% en 2025.
D.William