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Aid Al-Adha: très chers moutons

Aid Al-Adha: très chers moutons

Cette fête coïncide avec une période marquée par une hausse généralisée des prix.

Les Marocains égorgeront-ils le mouton à n’importe quel prix ?

 

Par D. William

 

 

Sécheresse, déficit hydrique, guerre en Ukraine, pandémie…, Aïd Al-Adha aura cette année encore une saveur très particulière. Depuis 2020, la crise sanitaire liée au coronavirus a éclipsé tout le cérémonial et les festivités accompagnant cet événement annuel. Sur fond de restrictions sanitaires, les citoyens se sont limités au strict minimum : faire le sacrifice du mouton.

Pour cette année, la pandémie joue certes les trouble-fêtes, avec une augmentation significative des cas de contamination en ce moment, mais c’est surtout la question économique qui semble préoccuper les Marocains. Aid Al-Adha intervient dans un contexte économique très défavorable marqué par la guerre en Ukraine, avec comme conséquence une hausse généralisée des prix qui rogne sérieusement le pouvoir d’achat des citoyens. Les prix à la consommation ont ainsi connu une hausse sensible au cours des quatre premiers mois de l’année, avec une progression moyenne de 4,5% en glissement annuel, en raison, entre autres, de la flambée des produits énergétiques et alimentaires.

Les prix des aliments de bétail ont sensiblement augmenté et ont été «multipliés par 2, voire 4 pour certains produits», selon l’Association nationale ovine et caprine (ANOC). Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, situe globalement cette augmentation à «40% en moyenne» par rapport à la même période de l’année dernière. Et ce, tout en rappelant que son département a approvisionné «le marché en orge subventionnée pour l’alimentation des ovins dans le cadre du programme d’urgence lancé par Sa Majesté le Roi», pour justement atténuer l’impact de cette hausse des prix des aliments de bétail et du déficit hydrique. Les moutons bombent le torse Dans les souks hebdomadaires, ce n’est pas la grande affluence pour l’instant. Et pour cause, les prix des moutons sont chers, voire excessifs, impactés par cet environnement économique peu propice. Même le petit mouton gringalet bombe le torse, affichant un prix bien loin des standards, en temps normal.

Pourtant, Sadiki assure que «les prix des animaux se situent aux mêmes niveaux que la campagne précédente à la même période, avec de petites variations». De son côté, l’ANOC estime qu’il faut s’attendre à ce que les moutons soient «20 à 30%» plus chers que lors de l’Aid Al-Adha de l’année dernière. Pourtant, l’offre est largement supérieure à la demande, à en croire la tutelle qui a procédé, depuis le 1er avril, au lancement de l’opération d’identification des ovins et des caprins destinés à l’abattage.

«Au 17 juin 2022, 6 millions de têtes ont été identifiées dans les différentes régions du Royaume et l’opération se poursuit», assure le ministre, qui précise que «l'Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) supervise cette opération, qui est assurée par la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR) et l’Association nationale ovine et caprine (ANOC)». Au final, «l’offre en ovins et en caprins destinés à l’abattage de l’Aïd est estimée à près de 8 millions de têtes et couvrira largement la demande estimée à 5,6 millions de têtes», ajoute le ministre.

Reste à savoir maintenant si les éleveurs maintiendront des prix aussi élevés, en comptant notamment sur l’arrivée massive des Marocains résidant à l’étranger, ou s’ils consentiront à les baisser pour «liquider» leur cheptel, eu égard à la cherté des aliments de bétail. Par ailleurs, les Marocains égorgeront-ils le mouton à n’importe quel prix ? C’est à voir. Car, après l’Aid Al-Adha, il faudra se préparer à la rentrée scolaire dans un contexte où les tensions sur les prix vont persister, l’inflation devant atteindre, selon les projections de Bank Al-Maghrib, 5,3% pour l’ensemble de cette année, avant de décélérer à 2% en 2023. Sa composante sous-jacente atteindrait 5,2% en 2022, puis 2,5% l’année prochaine.

 

Le dispositif mis en place par la tutelle
Le ministère de l’Agriculture a mis en place tout un dispositif pour que l’Aid Al-Adha se déroule dans les meilleures conditions possibles. Selon Mohammed Sadiki, parmi les mesures prises, il y a «l’enregistrement par les services vétérinaires de l’ONSSA de plus de 242.000 unités d'engraissement d’ovins et de caprins» et «le renfoncement des infrastructures de commercialisation des animaux à travers l’installation de 30 souks temporaires de l’Aïd dans les différentes régions du Royaume, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur». De même, renseigne le ministre, une circulaire conjointe a été publiée avec le ministère de l’Intérieur «pour renforcer le contrôle des animaux et des produits destinés à leur alimentation ainsi que le contrôle des points de vente et des souks dans le cadre de commissions locales mixtes». A cela, s’ajoute «la surveillance permanente par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) de l’état sanitaire du cheptel national et sa protection sanitaire contre les maladies animales contagieuses, et ce en étroite collaboration avec les vétérinaires sanitaires mandatés, les professionnels et les autorités locales».

 

 

 

 

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