Au Maroc, le secteur aquacole demeure généralement peu développé comparativement à d’autres pays de la méditerranée (Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie, Egypte, Tunisie... avec un total de production de près de 822.000 tonnes (2015) au niveau de la région), situation qui contraste avec le potentiel évalué de production du pays (380.000 tonnes contre une production actuelle d’à peine 500 tonnes) et les perspectives prometteuses de développement du secteur aussi bien au niveau national qu’international.
Comptant parmi les 16 grands projets du plan Halieutis, l’aquaculture est positionnée au niveau de l’axe durabilité en tant que filière prioritaire de la stratégie Halieutis, et ce dans un contexte mondial où les réserves halieutiques sont sous forte pression. Le Maroc a une grande vocation de pêche avec des captures qui se sont chiffrées à plus de 1,4 million de tonnes au titre de l’année 2015 et une contribution de l’ordre de 2,5% au PIB.
Selon l’étude que vient de publier la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la production halieutique nationale est majoritairement dominée par les poissons pélagiques, notamment la sardine (Sardina pilchardus), ayant constitué près de 70% de la production totale en 2014, ce qui conforte la position du Maroc comme premier producteur et exportateur mondial de cette espèce.
Par ailleurs, le Maroc est classé parmi les dix premiers exportateurs de la farine de poisson, principal intrant de l’aliment de poisson destiné à la pisciculture, avec plus de 134 milles tonnes d’exportation destinées essentiellement à la Turquie (37 %), l’Allemagne (25 %) et la Chine (10%), au titre de l’année 2016.
Au titre de l’année 2016, la production aquacole marine s’est chiffrée à 510 tonnes, soit une production en valeur de l’ordre de 21 millions de dirhams. Deux espèces constituent la quasi-totalité de la production aquacole marine marocaine : il s’agit des huîtres (avec une part moyenne de 72%), produites dans la baie de Dakhla et la lagune de Oualidia, et du Loup-Bar (26%), produit dans la baie de M’diq. Cette production est destinée principalement au marché national pour alimenter la grande distribution et les marchés de l’hôtellerie et de la restauration.
Aujourd’hui, le secteur aquacole national compte une vingtaine de fermes aquacoles actives et emploie un peu plus de 250 personnes, indique l’étude. A ce jour, l’ANDA accompagne une vingtaine de projets aquacoles actives dont la capacité de production dépasse les 3.000 tonnes, en plus d’une écloserie de coquillages.
Cette dernière dispose d’une capacité de production de 50 millions de naissains d’huîtres et 10 millions de naissains de palourdes et pourrait assurer l’approvisionnement des opérateurs conchylicoles nationaux tout en limitant les risques sanitaires liés à l’importation.
En outre, d’autres projets aquacoles ont démarré leurs installations et les phases pilotes. Leurs productions de croisière atteindraient plus de 4.400 tonnes, et ce en plus d’une deuxième écloserie dont la production cible est de 100 millions de naissains.
Obstacles à lever
Selon la DEPF, il faut lever certaines contraintes qui risquent d’entraver la croissance de ce secteur. On peut en citer notamment :
La MAMDA a proposé récemment une offre d’assurance dédiée à l’aquaculture, et qui couvre le cheptel aquacole, à travers un produit exclusif destiné aux éleveurs de poissons dans les bassins d’eau douce et marins ou aux propriétaires de fermes aquacoles. L’assurance multirisque aquaculture vise à couvrir la mortalité du cheptel aquacole suite aux événements pathologiques, météorologies et autres dommages causés aux installations et équipements.
Plus récemment, la Loi des Finances 2018 a corrigé cette non-neutralité : la TVA à l’intérieur et à l’importation de certains intrants réservés exclusivement à l’aquaculture seraient exonérés. Il s’agit notamment des aliments destinés à l’alimentation des poissons et des autres animaux de l’aquaculture. S’y ajoutent les alevins de poissons et les larves des autres animaux ainsi que les naissains de coquillage.
Quelques recommandations
L’étude émet quelques recommandations, dont notamment la nécessité pour les régions concernées par les activités aquacoles d’accorder la priorité nécessaire au déploiement des PAA adaptés aux besoins et aux perspectives de développement des régions cibles et de mobiliser le foncier nécessaire pour les investisseurs.
De même, vu que le tissu industriel national ne dispose pas encore des capacités suffisantes pour en faire un secteur compétitif au niveau régional, à même de contribuer d’une façon significative à la création de la richesse, l’emploi et au développement régional, la DEPF recommande des mesures incitatives au profit de ce secteur.
A ce titre, l’étude, en concertation avec les parties concernées, du coût-opportunités des incitations à mettre en place pour soutenir le développement du secteur s’avère très importante.