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Artisanat : Un secteur en quête de réinvention

Artisanat : Un secteur en quête de réinvention

La modernisation de l’artisanat traditionnel permet une revivification du secteur. Toutefois, il s’agit d’une arme à double tranchant, puisque plusieurs de ses filières sont aujourd’hui menacées de disparition.

Selon le ministère de tutelle, le secteur de l’artisanat a enregistré de décembre 2022 à août 2023 une croissance de 12%.

 

Par M. Boukhari

L’artisanat marocain a toujours été objet de fascination pour plusieurs pays du monde entier. Certaines créations issues de l’art traditionnel racontent mille et une histoires et intriguent de par leur beauté qui se cache dans le plus subtil des détails au plus éclatant. Ainsi, la préservation de ce patrimoine culturel ô combien important et le travail de longue haleine des artisans marocains passent avant tout par l’adoption d’un système de labellisation.

Sujet de débat et de réflexion depuis plusieurs jours, cette mesure basée sur une démarche de qualité globale s’avère aujourd’hui plus que nécessaire en vue de promouvoir le secteur et créer des labels marocains. Pour Khalid Rahel, chef de division qualité, recherche et développement au sein du département de l’Artisanat et de l’Economie sociale et solidaire, la labellisation «joue un rôle important aussi bien en matière de protection du consommateur et d’aide au choix du produit lors de l’achat, que pour les professionnels en termes de préservation du savoir-faire marocain et de lutte contre la contrefaçon, ou encore en termes de reconnaissance de l’engagement qualité».

Même son de cloche chez Mohammed Ait Yachou, président de l’Instance nationale des artisans et de l’industrie artisanale, qui considère que c’est la voie principale pour protéger notre héritage national et garantir l’authenticité des produits considérés comme singuliers, puisque la touche marocaine n’a pas de pareil. Qui plus est, cette stratégie demeure essentielle dans la mesure où elle permettra également de sauvegarder plusieurs métiers de l’artisanat traditionnel menacés de disparition.

«Plusieurs filières relevant du secteur de l’artisanat sont aujourd’hui en voie de disparition, et ce en raison d’un désintérêt total, particulièrement des jeunes pour ces métiers. Nous avons noté un besoin criant en maind'œuvre dans plusieurs spécialités, notamment l’artisanat dit de service. Par exemple, pendant la période estivale, on déplore un manque énorme d’artisans peintres, mais aussi d’électriciens et de plombiers», explique Ait Yachou. Concernant l’artisanat d’art, l’utilisation accrue des machines a conduit à la raréfaction de plusieurs métiers manuels, à savoir la couture traditionnelle et la menuiserie, une réalité non sans impact sur le secteur de l’artisanat.

«On est bien loin des années 70 et 80 marquées par une présence accrue des artisans qui effectuaient un somptueux travail à la main. Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’encourager nos jeunes à se tourner vers les professions de l’artisanat traditionnel afin de préserver et perpétuer notre patrimoine culturel immatériel», souligne le président de l’Instance nationale des artisans et de l’industrie artisanale.

Un rayonnement à l’international D’après les données du département de l’Artisanat, de la période s’étalant de décembre 2022 à août 2023, le secteur de l’artisanat a enregistré une croissance de 12%. De fait, à l’export, le chiffre d’affaires des différentes filières a dépassé la somme de 724 millions de dirhams.

Pour maintenir, voire améliorer le rythme de croissance des exportations des produits d’artisanat, une nouvelle initiative a vu le jour afin de faciliter leur accès au marché international. Il s’agit du lancement, le 7 novembre 2023, de la phase pilote de la dématérialisation de la demande et l’attribution du certificat d’inspection à l’export desdits produits. Les parties prenantes de ce projet sont la tutelle, le ministère de l’Industrie et du Commerce, l’Administration des douanes et impôts directs (ADII) et Portnet S.A.

Par ailleurs, Mohammed Ait Yachou a insisté sur l’importance de la mission de la presse locale et nationale dans la participation au rayonnement de l’artisanat marocain aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. «Dans ce cas de figure, le digital représente un excellent allié pour faire connaître les produits de l’artisanat aux potentiels clients, et ce à travers les différentes plateformes sociales. Il serait aussi judicieux d’organiser plus de manifestations et expositions ayant pour objectif la promotion de l’artisanat marocain», indique-t-il.

Pour rappel, lors du mois d’avril 2023, le ministère de tutelle a, en partenariat avec la Maison de l’artisan, mis en place un dispositif baptisé «Market Intelligence», ayant pour principale finalité d’améliorer la compréhension de la demande et des tendances du marché mondial en matière d’artisanat. Les premiers résultats publiés par le ministère démontrent qu’en termes de tendances mondiales, les articles de bijouterie et de joaillerie sont les produits les plus cités et recherchés par les internautes dans les grands marchés tels que les États-Unis, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie et l’Allemagne. 

 

 

 

 

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