Les charges de la Caisse de compensation ont atteint 11,8 milliards de dirhams (MMDH) à fin avril 2022, contre 6,3 MMDH durant la même période de l'année écoulée, soit une hausse de 87%, a indiqué, lundi, le ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lekjaa.
La Caisse de compensation remplit toutes ses fonctions et continue à subventionner les prix des produits de base de grande consommation, a relevé Lekjaa, qui répondait à des questions orales à la Chambre des représentants.
"Les charges de la Caisse de compensation ont enregistré une hausse significative pour compenser l’augmentation des prix", a-t-il expliqué, mettant l’accent sur l’effort de financement au-delà de la Caisse de compensation.
Il a, dans ce cadre, noté que le gouvernement a mis en place une batterie de mesures visant à stabiliser les prix des céréales, dont notamment la suspension, depuis le 1er novembre dernier, des droits de douane sur les importations de blé dur et tendre, soulignant que la facture d'importation du blé tendre a atteint 2,52 MMDH à fin avril 2022 (20 millions quintaux).
Et d’ajouter que le gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer l’approvisionnement du marché, surtout que la facture d’importation de céréales s’est élevée à fin février à 774 millions de dirhams, faisant savoir que la charge de compensation du blé tendre et de la farine atteindra 7,32 MMDH en 2022.
Concernant le gaz butane, l'État a dépensé, durant les quatre premiers mois de l'année en cours, 7,3 (MMDH), contre 4,2 MMDH durant la même période l'année écoulée, a souligné M. Lekjaa, notant que la moyenne de la subvention unitaire du gaz butane par bouteille de 12 kg a atteint 100 DH entre janvier et mai 2022, soit 71% de son prix réel.
"Ce soutien a atteint un record historique à 116 DH, soit 74% du prix réel de la bouteille de 12 kg, qui s'élève à 156 DH", a-t-il dit, ajoutant que le gaz butane, la charge de compensation du gaz butane avoisinera 9,2 MMDH à fin mai 2022.
"Sur la base du niveau actuel du prix du gaz butane, la charge de compensation devrait atteindre 22 MMDH en 2022, en hausse de 51% par rapport à 2021", a estimé Lakjaa.
Pour le sucre, le gouvernement a continué à soutenir les prix pour garantir leur stabilité au niveau du marché local, a indiqué Lakjaa, faisant observer que la subvention forfaitaire du sucre raffiné est fixée à 2.847 DH/tonne (toutes taxes comprises), tandis que le prix cible à l’importation de sucre brut est actuellement de 5335 DH/T, eu égard la hausse des prix à l’international (+460 dollars/T).
Ainsi, la charge de compensation du sucre a atteint 1,476 MMDH au premier trimestre 2022, en hausse de 26% par rapport à l’année dernière.
Sur un autre registre, le responsable a affirmé que le gouvernement a accordé un soutien exceptionnel qui dépasse 1 MMDH aux professionnels du secteur du transport routier et qui concernera environ 180.000 véhicules, et ce pour garantir la stabilité des prix.
Par ailleurs, Lekjaa a indiqué que le gouvernement a alloué près de 6 MMDH pour régler les promotions des fonctionnaires bloquées depuis deux années consécutives, rappelant, dans ce sens, les conclusions de l'accord social ayant contenu des mesures importantes portant notamment sur l'augmentation du SMIG dans les secteurs de l'industrie, le commerce, et les professions libérales de 10%, dans le secteur agricole de 15% sur 2 ans, l'augmentation du SMIG dans la fonction publique à 3.500 dirhams, et l'augmentation du barème de promotion de 33% à 36%.
Il a également rappelé les mesures prises par le gouvernement pour préserver le pouvoir d'achat des salariés et renforcer la résilience des acteurs économiques, dont l'allocation de 2 MMDH au plan d'urgence de soutien du secteur touristique, et 13 MMDH au titre de la taxe sur la valeur ajoutée pour atténuer les difficultés des entreprises.
Lekjaa a, en outre, mis en avant la concrétisation de plusieurs mesures au profit des entreprises titulaires de marchés publics afin de faire face à la hausse des prix et la rareté des matières premières, dont notamment le prolongement des délais d'exécution de 6 mois, pour éviter l’application des pénalités de retard, la résiliation sans confiscation des cautionnements pour les marchés en cours et la révision du guide de référence des prix.
Le gouvernement veille aussi, a-t-il poursuivi, au suivi de l'approvisionnement des marchés et des prix des matières premières et de leur qualité, et fait face avec fermeté à toutes les pratiques illégales attentatoires à la stabilité des prix.
Lekjaa a également évoqué 3 options possibles qui permettront d'alléger le fardeau des prix sur le citoyen, relevant que le premier est de soutenir la Caisse de compensation pour garantir une stabilité globale des prix, ce qui exige un effort budgétaire de 74 MMDH, soit 60 MMDH supplémentaires comparativement aux prévisions de la loi des finances.
Pour la seconde option, elle porte sur la baisse des taxes sur les produits pétroliers, dont les recettes annuelles globales moyennes atteignent 26 MMDH, a souligné Lekjaa, notant que cela impactera négativement les équilibres budgétaires.
La troisième option, qualifiée d"idéale", selon lui, porte sur l'investissement de toutes les marges budgétaires disponibles, en vue d'atténuer la hausse des prix dans un cadre équilibré qui ne nuit pas aux intérêts supérieurs du pays et des citoyens.