Dans un entretien accordé à Jeune Afrique et publié aujourd’hui, la patronne des patrons livre une analyse sans concession de l’économie marocaine, non sans égratigner, au passage, le Chef de gouvernement et son équipe.
Ainsi, même si elle reconnaît que les patrons dialoguent «constamment avec le gouvernement» sur les thèmes relatifs à la compétitivité, le climat des affaires, l'accompagnement des PME, le commerce international et l'emploi, il n’en demeure pas moins vrai que «les points d'achoppement avec le gouvernement ne manquent pas». «Quand le climat des affaires est menacé, nous n'hésitons pas à faire entendre notre voix», martèle-t-elle. Sur le boycott de la rencontre avec une délégation d'hommes d'affaires turcs lors de la visite du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, au Maroc, elle ne prend pas de gants : «Avec les Turcs, le gouvernement Benkirane a commis une maladresse», dit-elle, tout en précisant que «nous n'étions pas prêts à discuter avec cette délégation. Pour cela, il aurait fallu au moins quatre mois de travaux préparatoires, comme pour les précédentes visites de délégations étrangères (…)». Son diagnostic des programmes économiques de l’Etat (Pacte national pour l'émergence industrielle, Plan Maroc vert et Plan Azur) est tout aussi formel : «Le bilan de ces programmes est mitigé. Les emplois qu'ils ont créés ne sont pas toujours pérennes et ils sont concentrés dans les grandes villes. Il nous faut mieux adapter les formations aux besoins des entreprises, avec des métiers apportant davantage de valeur ajoutée. Nous travaillons activement sur ces sujets avec l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail» (l’intégralité de l’entretien).