Depuis le coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc (compétition prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026), l’achat de billets est devenu, pour beaucoup de supporters, une course d’obstacles. À côté du circuit officiel, un marché parallèle s’est rapidement structuré, alimenté par la forte demande, la rareté sur certaines affiches et la viralité des “bons plans” sur les réseaux sociaux.
Ces derniers jours, de nombreux internautes affirment voir circuler des offres de revente à des montants “faramineux” de 3.000 à 5.000 DH (voire plus pour le match d’ouverture) pour des billets censés coûter 100 à 300 DH selon la catégorie et le type de match. Ce type de témoignage est cohérent avec le mécanisme classique de la revente spéculative (rareté + forte demande = prix qui explose), mais l’ampleur exacte du phénomène reste difficile à mesurer publiquement puisque la plupart des annonces disparaissent vite, migrent vers des messageries privées, ou mélangent vraies reventes et arnaques.
Ce qui est vérifiable, en revanche, ce sont les tarifs officiels et le canal officiel. La CAF a ouvert la billetterie via sa plateforme dédiée (et l’écosystème/app associé), avec des prix annoncés à partir de 100 DH et une grille qui varie selon l’affiche et la catégorie.
Concrètement, on retrouve bien beaucoup de billets “entrée de gamme” autour de 100-300 DH sur de nombreux matchs, mais certains rendez-vous montent au-delà (selon match/catégorie).
Plusieurs indicateurs illustrent l’intensité de la demande. À la mi-décembre, des responsables de la CAF ont communiqué sur plus d’un million de billets vendus en quelques jours. Dans un tel contexte, les matchs “premium” (Lions de l’Atlas, grandes affiches, soirées/week-ends, stades à jauge limitée) deviennent des cibles naturelles pour des revendeurs qui tentent de capter la pénurie. Les réseaux sociaux jouent ici un double rôle. Celui d’accélérateur de spéculation : une capture d’écran, un “DM moi”, et le billet devient une marchandise. L’autre rôle est celui d’accélérateur d’arnaques avec au menu de faux QR codes, de faux billets, des “vendeurs” qui disparaissent après paiement, et usurpation d’identité…
Ce matin, coup de filet confirmé
C’est le fait majeur et vérifié du moment. Ce matin, les services de police judiciaire, sous la supervision des parquets compétents, ont ouvert une enquête sur des soupçons de spéculation/revente illégale de billets de matchs de la CAN, après repérage d’annonces de vente sur les réseaux. L’opération a abouti à l’interpellation de 8 personnes.
Les arrestations ont eu lieu dans plusieurs villes, dont Rabat, Témara, Agadir, Salé, Marrakech et Mohammédia, et les investigations se poursuivent pour identifier d’éventuels complices.
Point intéressant : plusieurs médias indiquent que le repérage initial des autorités s’appuie sur une veille numérique (surveillance d’annonces en ligne) avant des investigations de terrain.
Malgré l’existence d’une billetterie encadrée par la CAF, le marché noir trouve un terrain favorable dans la rareté de certains matchs très demandés. Dès que la plateforme officielle affiche complet ou des stocks très limités, de nombreux supporters estiment ne plus avoir d’autre choix que de se tourner vers des circuits parallèles, quitte à payer beaucoup plus cher.
Cette situation est renforcée par une confusion persistante autour des canaux de vente. Sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie, les annonces se multiplient et se ressemblent, rendant difficile la distinction entre vendeurs officiels, revendeurs et simples escrocs. La rapidité des paiements (virements instantanés, cash ou acomptes) accentue encore le phénomène, en facilitant des transactions sans garanties. À cela s’ajoute un effet de panique. La peur de rater un match pousse certains supporters à agir dans l’urgence. C’est précisément dans ce climat de tension et d’émotion que la spéculation sur les billets de la CAN 2025 continue de prospérer.
Le coup de filet de ce matin s’inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation de l’événement. En parallèle, le Maroc a aussi communiqué sur des mesures organisationnelles et judiciaires, dont l’installation de bureaux/présences judiciaires dans ou autour de stades pour un traitement plus rapide de certaines infractions liées aux matchs. À suivre !