Les TPME pourront bientôt bénéficier des avantages de la Charte de l’investissement, suite à l’adoption prochaine d’un projet de décret dont le but est de fournir des offres spécifiques, répondant aux besoins de ces entreprises.
Par M. Ait Ouaanna
Représentant la majorité écrasante des entreprises au Maroc, avec un taux dépassant les 98%, les TPE et PME jouent un rôle clé dans l'économie nationale. En revanche, la plupart d’entre elles peinent à se montrer résilientes et à assurer leur pérennité. D’après la Confédération marocaine des TPE-PME, la situation de cette catégorie d’entreprises s’est dégradée au cours de ces dernières années, entraînant une hausse alarmante des faillites qui devraient dépasser 40.000 d’ici la fin de 2024.
Manque d’accompagnement et d’incitations fiscales, accès limité aux financements et aux marchés publics, retards de paiement… sont quelques-unes des raisons expliquant cette situation. Cependant, une lueur d’espoir semble poindre à l’horizon suite à l’annonce faite récemment par le chef du gouvernement. Lors de son intervention à la Chambre des conseillers, Aziz Akhannouch a révélé que les TPME pourront bientôt bénéficier des avantages de la Charte de l’investissement. Cet élargissement aura lieu suite à l’adoption prochaine d’un projet de décret dont le but est de fournir des offres spécifiques, répondant aux besoins de ces entreprises.
«Conscient de l'importance d'accompagner les très petites, petites et moyennes entreprises, y compris celles à vocation industrielle, le gouvernement travaille à finaliser le cadre juridique spécifique en vue de mettre en place un système de soutien à l'investissement destiné à cette composante essentielle du tissu économique national, véritable moteur de création d'emplois», a précisé Akhannouch. Et de souligner qu'afin de réunir les conditions nécessaires à la réussite de l’écosystème d’investissement au Maroc, le gouvernement a procédé à la simplification de 22 décisions administratives liées à l’investissement, notamment à travers leur numérisation, et en réduisant de 45% le nombre de documents requis. Réagissant à cette annonce, Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME, nous a confié qu’il s’agit d’une initiative «prometteuse» vu l’importance de ces entreprises dans le tissu économique marocain.
Cependant, El Fergui a fait part de sa préoccupation quant à la mise en œuvre effective de cette mesure. «En tenant compte de notre expérience passée, plusieurs lois et décisions sorties en faveur des TPE et PME sont restées lettres mortes. Un exemple frappant qui illustre bien mon propos est la loi de 2013, qui prévoyait un quota de 20% des commandes publiques pour les TPE-PME, mais sans pouvoir l'appliquer dans le terrain en raison de l’absence de décrets d’application. Tant que ces textes ne sont pas publiés, les TPE-PME continueront de pâtir d'un manque d'opportunités, avec des pertes estimées à 66 milliards de DH chaque année», s’insurge-t-il.
Pour que cette nouvelle mesure ait un impact réel sur la croissance des TPE-PME, Abdellah El Fergui estime qu’il est essentiel que le gouvernement agisse «rapidement et concrètement» en adoptant les décrets nécessaires. «Sans cela, les promesses resteront lettre morte et ne contribueront pas à la dynamisation de ce secteur vital pour notre économie», insistet-il. Pour rappel, la nouvelle Charte de l’investissement, entrée en vigueur en fin 2022, se structure autour de trois axes clés, à savoir la création de mécanismes de soutien à l’investissement, l’amélioration de l’environnement des affaires et la promotion d’une gouvernance unifiée et décentralisée. Selon de récentes données publiées par l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), cette nouvelle charte a contribué à une hausse «notable» des investissements privés, atteignant 25 milliards de dirhams au premier semestre 2024.