C’est vraisemblablement le premier test majeur de Chakib Benmoussa. La réforme du concours d’accès aux Académies régionales d’éducation et de formation (AREF), qui fixe l'âge d'accès à la profession enseignante à 30 ans, rencontre en effet une vive opposition des syndicats.
Mais le ministre de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports reste droit dans ses bottes. Il tient à sa réforme qui, selon lui, rentre dans le cadre plus global de la réforme du système éducatif. Et il l’a défendue devant les parlementaires.
Quand Benmoussa met en avant la nécessité de promouvoir la qualité de l’enseignement et d’attirer les meilleurs cadres, en rapport avec les conclusions du rapport sur le nouveau modèle de développement (NMD), l’opposition crie à l’«injustice» et déplore «l’exclusion» de ceux qui veulent accéder à la profession enseignante, avec le risque que cette décision «contribue à la hausse du taux de chômage».
A côté, les centrales syndicales ne cachent pas leur colère, car la pilule ne passe pas. Elles dénoncent une mesure «discriminatoire» qui va «générer de nouveau des tensions dans le secteur».
L’exercice du pouvoir est difficile. Benmoussa s’en est très vite rendu compte, à sa première tentative de réforme. Mais engager un bras-de-fer avec les syndicats, au tout début de son mandat, représente un risque majeur de voir le dialogue social s’interrompre brutalement. Car il faut convenir que l’Education nationale est un secteur difficile à gérer et, surtout, à réformer, où il est pratiquement impossible de toucher à ce que d’aucuns considèrent comme des «acquis». Le précédent titulaire de ce portefeuille ministériel, Saaïd Amzazi, ne dira pas le contraire, lui qui s’est frotté à la vindicte des centrales syndicales qui réclamaient la révision du statut des enseignants diplômés du supérieur ou encore l’intégration des enseignants des AREF à la fonction publique; une revendication qui est d’ailleurs toujours sur la table.
A l’évidence, il faudrait que les différentes parties fassent preuve d’intelligence collective pour trouver de bons compromis et s’adapter aux changements. Car, des changements, il en faudra forcément pour avoir un système éducatif efficient, en phase avec les conclusions du rapport sur le NMD. D’où la nécessité de poursuivre le dialogue social. En se rappelant de ce qu’avait dit le Roi en juillet 2018, dans son discours prononcé à l’occasion de la fête du Trône : «Je le dis au gouvernement : le dialogue social est un devoir et une nécessité; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption. Et je lui dis également qu’il doit rencontrer régulièrement les syndicats et communiquer constamment avec eux, indépendamment de l’issue éventuelle de ce dialogue».
D. W.