Les indicateurs sont au beau fixe pour plusieurs secteurs de l'économie nationale. Le gouvernement doit en revanche mettre les bouchées doubles pour créer plus d’emplois et réduire le taux de chômage, qui s’est situé à 13,7% au cours des trois premiers mois de 2024.
Par M. Ait Ouaanna
Après une période sombre, l'économie marocaine semble retrouver des couleurs. La note de conjoncture du mois d’avril de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) présente un tableau positif, avec des indicateurs favorables dans plusieurs secteurs clés. D’abord, pour ce qui est de l’agriculture, un des piliers majeurs de l'économie marocaine, la valeur ajoutée a progressé de 6,2%, en moyenne, au terme de l’année 2023, après une chute de 12,9% une année auparavant.
En outre, les dernières précipitations ont favorisé une hausse du taux de remplissage des principaux barrages du Royaume qui se rapproche de celui de 2023. S’agissant du secteur de la pêche, il a enregistré une augmentation significative de sa valeur ajoutée en 2023, clôturant l'année avec une progression moyenne de 16,7% par rapport à une baisse de 9,8% l'année précédente. Après avoir subi une baisse de 15,7% l'année précédente, la valeur ajoutée du secteur extractif s'est renforcée de 16,4% au cours du quatrième trimestre 2023. La dynamique enregistrée au T4-2023 se serait poursuivie au T1-2024, étant donné que la production de phosphate brut au terme des deux premiers mois de l’année en cours a affiché une croissance de 39,6%, après une chute de 30% un an plus tôt.
Pareillement, le secteur manufacturier a enregistré une solide performance au cours du quatrième trimestre 2023, avec une augmentation notable de sa valeur ajoutée de 8%, contrastant nettement avec la quasi-stagnation observée l'année précédente. Le secteur aurait continué sur sa lancée favorable au début de l'année 2024. Preuve à l’appui, les derniers résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib démontrent que le taux d'utilisation des capacités de production a franchi un nouveau sommet pour le deuxième mois d'affilée, se stabilisant à 79% en février, contre 78,1% en janvier 2024. De même, la croissance significative des principaux indicateurs du secteur du tourisme en 2023 se poursuit aux premiers mois de l’année en cours, avec un flux d’arrivées en hausse de 12,8% au terme du T1-2024. Cette amélioration s’explique par la progression du nombre des arrivées de touristes étrangers de 15,4% et de celui des MRE de 9,8%. Commentant ces données, Khalid Doumou, économiste et expert financier, relève que l’économie marocaine devrait connaître une embellie au cours des prochaines années.
«La nouvelle politique de construction d'usines de désalinisation de l'eau de mer devrait avoir un impact positif sur la production agricole nationale. La politique de verdissement de notre économie est encourageante; celle-ci devrait selon toute vraisemblance être accompagnée par des investissements et des transferts de technologies venant de la France, selon les dires du ministre français de l'Economie et de la Transition énergétique, Bruno Le Maire.
Pour ce qui est du département de la pêche, le Maroc a signé un accord de partenariat avec l'UE pour promouvoir le domaine de la pêche durable, ce qui ne sera pas sans conséquence sur le secteur. L’organisation par le Maroc de la CAN en 2025 et du Mondial en 2030 aura également un impact positif sur l’économie du pays», détaille-t-il. En revanche, l’économiste estime que le gouvernement marocain doit fournir beaucoup d’efforts en matière de montée en compétence du patrimoine immatériel, et de sa meilleure adéquation avec les défis démographiques, économiques et technologiques d'aujourd'hui et de demain. «Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans en milieu urbain se situe aux alentours de 50%. Ce chiffre souligne la nécessité urgente pour le gouvernement actuel de s'atteler à la résolution de cette situation alarmante», préciset-il. Pour rappel, le taux de chômage au niveau national s’est élevé à 13,7% au cours des trois premiers mois de l’année 2024, contre 12,9% pour la même période de 2023. Dans le même ordre d’idées, Khalid Doumou fait savoir que de nombreux défis attendent le Royaume pour passer d'un pays à revenu intermédiaire bas à un pays émergent.
«Ces défis sont d'ordre social, économique, culturel, environnemental et relatifs à l'équité sociale et spatiale et à l'accès au numérique. La politique de régionalisation avancée a été reléguée aux oubliettes. Mais c'est pourtant à travers elle que le Maroc pourrait créer de nouvelles métropoles d'équilibre adossées à de nouveaux bassins d'emploi», estime-t-il. In fine, l’économiste a mis en avant l’impératif d’une meilleure redistribution des richesses entre les différentes régions, soulignant que pour y parvenir, le développement des compétences humaines et la réduction du taux de chômage demeurent indispensables.