«Dans notre construction de l’Afrique de demain, la préservation de l’environnement est la base de la co-émergence de l’Afrique, le socle sur lequel sera bâtie la croissance économique inclusive du continent. Nous devons nous atteler à prendre en compte le réchauffement climatique, ses risques, et à transformer nos économies sur la base du développement durable», peut-on lire dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au premier sommet des chefs d’État et de gouvernement de la commission climat et du Fonds bleu de Bassin du Congo en 2018.
Par Abdelhak Najib
En effet, même si le Maroc reste fortement dépendant du marché international de l'énergie, puisqu’il importe plus de 90% de ses besoins énergétiques pour réduire sa dépendance énergétique, le royaume a adopté, depuis 2009, une nouvelle stratégie qui vise à atteindre une part de 52% de la production d'énergie du Royaume d'ici 2030. Face aux changements climatiques, à la sécheresse et au stress hydrique qu’accuse le Maroc, sa politique en termes d’énergies vertes fait de lui un véritable leader en Afrique et au monde arabe et lui permet d’approvisionner des pays européens notamment l’Allemagne, qui est actuellement prête à investir deux milliards d’euros pour élargir la coopération avec les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, avec une grosse partie des transactions conclue avec le Maroc.
Dans ce sens, le Maroc a lancé une stratégie énergétique nationale dont les axes fondateurs touchent l’électricité, les énergies propres et l’élargissement de l’utilisation des énergies renouvelables. Cela passe par le développement de l’énergie solaire et par l’augmentation des superficies dédiées au parc éolien. Sans oublier l’introduction du gaz naturel liquéfié et le gaz naturel dans le mix énergétique électrique. Dans cette optique, avec une nouvelle ville verte qui est en cours de construction à Tanger, où quelque 72 hectares seront remplis de panneaux solaires qui produiront 30 MW d'électricité, plusieurs autres projets verts ont été lancés, dont la cité de Chrafat sur 700 hectares et la Cité Mohammed VI Tanger tech sur 2.100 hectares, avec tous les autres sites disséminés sur le territoire national, avec le grand complexe Nour Ouarzazate qui dispose d’une capacité de 580 MW en assurant l’électricité propre à plus d’un million de foyers. Cette production d’électricité à partir d’énergies renouvelables a déjà atteint un taux de 37%, puisque le Maroc produit aujourd’hui plus de 4.000 mégawatts d’énergie éolienne et solaire. Sans oublier de préciser ici que l'éolien et le solaire ont généré 17,1% de l'électricité nationale en 2021. Soit 1,1 point de pourcentage de plus qu’en 2020 et 2019, où la contribution des énergies renouvelables, hors hydraulique, dans la satisfaction de la demande nationale avait atteint 16%. En effet, en 2021, la puissance installée en éolien et en solaire s’est élevée à 2.297 MW, contre 2.181 en 2020. Cela traduit une capacité additionnelle de 80 MW en solaire provenant du Projet Noor Tafilalet et de 36 MW en éolien via le Parc Oualidia.
Pour rendre efficiente sa nouvelle politique énergétique, le Maroc a prévu d’accorder plusieurs facilités aux entreprises qui veulent investir dans les énergies vertes. D’abord, un soutien financier de 30% avec un plafond de 2 millions de dirhams par projet. Ensuite, des subventions de 1,5 million de dirhams liées à la conception et au développement du produit industriel. Sans oublier enfin que toutes ces mesures viennent renforcer les différentes lignes de crédit garanties par la Société de Garantie et de Financement des Entreprises (SNGFE, anciennement CCG) sous l'égide de «Green Invest», à hauteur de 40%, avec un plafond de 10 millions de dirhams.
Il faut aussi ajouter à toutes ces avancées la production d'hydrogène vert qui vient consolider l’engagement du Maroc en faveur des énergies renouvelables puisque le pays vient de lancer l'installation du premier système de production d'hydrogène vert du pays. Un projet phare, résultat d'une initiative conjointe entre l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et l'Université polytechnique Mohammed VI (UM6P).
Une telle approche énergétique est destinée en premier lieu à garantir la sécurité énergétique du Royaume et d'en faire un acteur sur le plan mondial, non seulement en termes de durabilité, mais aussi en termes de production d'énergie renouvelable, cheval de bataille des économies mondiales de demain.