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France: les transferts MRE s’invitent à l’élection présidentielle

France: les transferts MRE s’invitent à l’élection présidentielle

L’idée d’un blocage des transferts d’argent privés de la France vers certains pays fait son chemin.

Sont ciblés, le Maroc, l’Algérie ou encore la Tunisie.

Sur des recettes MRE de 68,2 Mds de DH en 2020, ce sont 24,4 Mds de DH qui provenaient de la France.

 

Par D. William

 

 

 

Le Maroc doit-il craindre pour les transferts d’argent effectués par ses ressortissants établis en France  ? Peut-être bien. Car, depuis que la course à la présidentielle est lancée, l’immigration et ses enjeux sont devenus le fonds de commerce de l’extrême droite. Entre Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, et le candidat non déclaré et polémiste controversé Eric Zemmour, déjà condamné pour provocation à la discrimination raciale en 2011 et pour provocation à la haine envers les musulmans en 2018, c’est à qui fera le plus de propositions chocs sur les questions migratoires. A ce duo, s’est ajouté un autre candidat à la présidentielle, Arnaud Montebourg, ex-ministre socialiste sous François Hollande, qui a lui aussi décidé, de façon surprenante, de faire de l’immigration l’un des thèmes forts de sa campagne. Ces trois personnes ont ceci de commun qu’elles défendent l’idée d’un blocage des transferts d’argent privés vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion du territoire français. Sont particulièrement ciblés par cette mesure, des pays comme le Maroc, l’Algérie ou encore la Tunisie. Rappelons que fin septembre dernier, la France avait pris la décision de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard de ces trois pays qui «refusent» de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. C’est ainsi qu’il a été décidé de diviser par deux le nombre de visas délivrés au Maroc et à l'Algérie, et de 30% à la Tunisie, en prenant 2020 comme année de référence. Le jour même de cette annonce, le Maroc a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui la considère comme «injustifiée», estimant que «le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes avec une logique de responsabilité et d'équilibre entre la facilitation des déplacements des personnes (...) et la lutte contre la migration clandestine». Si Bourita convient que «la décision (de la France) est souveraine», il a néanmoins laissé entendre que «le Maroc va l'étudier, mais les raisons qui la justifient nécessitent de la précision, un dialogue, car elles ne reflètent pas la réalité». Le 3 novembre courant, à l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, est revenu sur la question, précisant que «les discussions se poursuivent avec les autorités du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie». «Les choses bougent avec la Tunisie, puisque ce pays a produit plusieurs laissez-passer consulaires qui ont permis de leur renvoyer leurs ressortissants» que la France ne souhaite pas garder sur son territoire, a-t-il fait savoir. Par contre, «avec le Maroc et l’Algérie, les échanges sont plus compliqués», reconnaît-il.

 

Taper au portefeuille

En plus des restrictions sur les visas, mesure qui, selon Montebourg, «ne fonctionne pas», l’idée est maintenant de taper au portefeuille des pays les moins coopératifs. «Il y a 11  milliards de transferts d’argent qui passent par Western Union sur l’ensemble des pays d’origine», explique-t-il. «Nous bloquons tous les transferts aussi longtemps qu’on n’a pas un accueil de coopération.  Ce sont des transferts d’argent privé qui, aujourd’hui sont une manne pour ces pays, et nous avons besoin de dire : ça suffit», suggère celui qui semble s’être désormais inscrit dans la lignée de l’extrême droite. Une manne ? C’est le cas de le dire. Pour le Maroc en tout cas, dont la France est le premier pays de destination et d’accueil des Marocains résidant à l’étranger (MRE), estimés à 5 millions à travers le monde. En 2020, sur des recettes MRE de 68,2 Mds de DH, ce sont 24,4 Mds de DH qui provenaient de la France, soit 35,7% du montant global des transferts, selon les chiffres de l’Office des changes. Et au terme de l’exercice 2021, Bank Al-Maghrib table sur une progression importante des transferts MRE de 27,7%, pour atteindre un record de 87 milliards de dirhams. Un gel des transferts de la communauté marocaine établie en France sera donc forcément préjudiciable pour le Maroc. Et ce, pour deux raisons principales  : d’abord, ces transferts sont un puissant levier social qui permet à des milliers de familles marocaines de vivre et d’avoir un pouvoir d’achat décent; ensuite, étant une importante source de réserves de devises, les envois des MRE soutiennent l’économie marocaine et contribuent positivement à la balance des paiements. Le Maroc a-t-il alors du souci à se faire  ? Si cette mesure indigne une certaine classe politique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle ne suscite pas un gros tollé au sein de la population, d’autant qu’un lien insidieux a été établi entre immigration et insécurité des Français. Or, selon un sondage CSA pour CNews publié le 4 novembre courant, 93% des Français estiment que la sécurité est une préoccupation importante. C’est pourquoi certains candidats à la présidentielle agitent vicieusement l’immigration comme un épouvantail et comme source d’insécurité en France. Les Français tomberontils dans le panneau ? La menace sur les transferts des MRE n’est en tout cas pas à sousestimer si l’un des trois est élu. Si Montebourg a très peu de chance de l’être, Eric Zemmour, qui maintient toujours le suspense sur sa candidature, serait au second tour devant Marine Le Pen (17 vs 16%), avec l’hypothèse d’une candidature de Xavier Bertrand à droite, selon le tout dernier baromètre IFOP-Fiducial pour LCI et  Le Figaro. Zemmour président  ? Ce n’est pas une ineptie. Rappelez-vous, personne n’avait misé sur l’ancien président américain Donald Trump !

 

 

 

 

 

 

 

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