45 pays africains et pays les moins avancés importent au moins un tiers de leur blé d'Ukraine ou de Russie
La faim va frapper aux portes de l’Afrique, avec ce que cela sous-tend comme conséquences sociales.
Plus que jamais, la guerre russo-ukrainienne fait planer sur le monde le spectre d’une crise alimentaire majeure. Ces deux pays sont des producteurs et exportateurs agricoles de rang mondial et des greniers à céréales pour le reste du monde. Ils constituent, à eux deux, 15% de la production mondiale de blé et près de 30% des exportations.
Sous les bombes russes depuis un mois, l’Ukraine n’arrive plus à semer et encore moins à exporter, les ports maritimes, principales voies de livraison des récoltes et des céréales, étant «partiellement ou complètement détruits», selon le ministre ukrainien de l’Agriculture, Roman Leshchenko. Dans ce contexte, les autorités ukrainiennes ont décidé de restreindre les exportations de certains produits alimentaires, dont le blé. De fait, le marché mondial est actuellement moins approvisionné, créant de fortes tensions sur les prix.
Actuellement, une cinquantaine de pays dépendent pour leur approvisionnement en blé de la Russie et de l’Ukraine. Mais les observateurs sont particulièrement inquiets pour l’impact de la pénurie de blé sur l’Afrique. Selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, au total «45 pays africains et pays les moins avancés importent au moins un tiers de leur blé d'Ukraine ou de Russie; et 18 de ces pays en importent au moins 50%. Cela comprend des pays comme le Burkina Faso, l'Egypte (plus grand importateur mondial de blé, ndlr), la République démocratique du Congo, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen».
«Nous devons faire tout notre possible pour éviter un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial», a-t-il averti, soulignant que cette guerre allait impacter «le plus durement les plus pauvres et semer les germes de l'instabilité politique et de troubles dans le monde entier».
Tout en précisant que «l'indice mondial des prix des denrées alimentaires de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) est à son plus haut niveau jamais enregistré», le chef de l’ONU rappelle aussi que «les prix des céréales ont déjà dépassé ceux du début du printemps arabe et des émeutes de la faim de 2007-2008».
La faim va frapper aux portes de l’Afrique, avec ce que cela sous-tend comme conséquences sociales.
Si les gouvernements ne font rien pour contenir la flambée des prix, le risque d’émeutes de la faim dans plusieurs pays ne saurait être évité. C’est ce que prédit d’ailleurs Emmanuel Macron, en des termes à peine voilés. Le jeudi 24 mars, depuis Bruxelles, le président français a notamment estimé que «cette situation va créer une crise alimentaire, des situations humanitaires gravissimes dans plusieurs pays et à coup sûr des conséquences politiques massives».
F. Ouriaghli