Enfin un rendez-vous ! Trois ans après l’entrée des premiers chars russes à Kiev, la diplomatie tente une timide percée en Turquie. L’Ukraine et la Russie reprennent en effet langue ce 15 mai à Istanbul.
A ce titre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a multiplié les appels. A Vladimir Poutine d’abord, pour un face-à-face «historique» à Istanbul. A Donald Trump ensuite, qu’il supplie de venir jouer les entremetteurs.
Le président américain, lui, tergiverse : son agenda au Moyen-Orient est «chargé», mais «sauver des vies», dit-il, reste tentant. Il a ainsi laissé entendre qu’il pourrait s’y rendre. Du côté russe, Poutine a préféré snober Zelensky, préférant envoyer une délégation composée de seconds couteaux.
Paix probable ?
Moscou continue de marteler ses exigences maximalistes : démilitarisation de l’Ukraine, renoncement à l’OTAN, reconnaissance des territoires annexés... Un menu que ni Kiev ni ses alliés n’osent goûter.
En coulisses, les Européens piétinent. Berlin hausse le ton : Friedrich Merz, nouveau chancelier allemand, affirme qu’aucune paix ne doit être «dictée» par Moscou. Il promet une fermeté transatlantique que Trump, toujours prompt au rapprochement avec le Kremlin, rend pourtant incertaine.
Paris aussi sort les crocs : le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot évoque des sanctions «dévastatrices» contre la Russie, notamment une surtaxe de 500% sur son pétrole. L’Union européenne, de son côté, vient de dégainer un 17ème paquet de sanctions.
Mais après 17 tentatives, on se demande bien si les sanctions dissuadent encore Moscou. En réalité, personne ne croit réellement à une paix prochaine. Mais tout le monde veut éviter l’enlisement total. Côté ukrainien, un cessez-le-feu de 30 jours est exigé, sans condition.
Côté russe, on se méfie de toute trêve, perçue comme une opportunité pour Kiev de recharger ses batteries et ses munitions. Pourtant, derrière l’impasse politique, la fatigue s’installe. L’Ukraine souffre. L’Europe s’inquiète. La Russie, malgré sa posture guerrière, paie aussi le prix humain et économique de cette guerre.
Reste l’éléphant dans la salle : Donald Trump. Sa présence pourrait rebattre les cartes. Il se voit en faiseur de paix, mais son tropisme prorusse fait trembler les Européens. Alors, les pourparlers d’Istanbul seront-ils le début de la fin ? Un tournant historique ? Le début d’un nouveau cycle d’illusions diplomatiques ? Se résumeront-ils à une suspension du chaos, au mieux, ou à un leurre tactique, au pire ?
Il est trop tôt pour trancher. Ce qui est sûr, c’est que les regards sont braqués sur la Turquie. Un pays qui rappelle qu’il défend «l’intégrité territoriale de l’Ukraine», mais ménage ses intérêts énergétiques et commerciaux avec Moscou.
Par D.William