En 2021, l’inflation a connu des taux records, et ce au niveau mondial. Les perspectives de l’année 2022 laissent présager une évolution des prix entourée de risques haussiers, liés notamment à l’augmentation des prix du baril du pétrole (avec un niveau de 140$/le baril) et les tensions géopolitiques exacerbées par la guerre en Ukraine. Au Maroc, les effets de la sécheresse se font ressentir au niveau de plusieurs produits du quotidien.
Dans une note relative à l’évolution de l’inflation au Maroc, le haut-commissariat au Plan (HCP) précise que les 20 dernières années montrent une tendance relativement modérée de la hausse des prix. L’indice des prix à la consommation a évolué en dessous de la barre de 2,0%, sauf pour les années 2002, 2006 et 2008, respectivement de 2,8%, 3,3% et 3,9%.
Il en ressort également que l’évolution des prix à la consommation durant la période 2010-2021 montre que les indices de la plupart des Divisions de produits ont enregistré des variations relativement dispersées les uns des autres. Des hausses moyennes annuelles les plus marquées ont été constatées au niveau des prix de la Division des boissons alcoolisées et tabac de 4,0% (avec 3,5% en 2021). Les indices des prix de l’enseignement ont connu des hausses moyennes de 3,1% (avec 1,6% en 2021). Tandis que le transport a enregistré au cours de cette période des évolutions moyennes de 1,1% (avec un niveau record de 5,9% en 2021).
Les prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont connu une variation moyenne de 1,0% (avec un niveau de 0,5% en 2021). En revanche, les prix de la communication ont continué leur tendance baissière avec une variation moyenne de -3,8% depuis 2010.
L’inflation au sens de l’indice des prix à la consommation a atteint son plus haut niveau pendant le mois de février 2022, avec 3,6% en termes de glissement annuel.
Cette hausse est due essentiellement à la hausse de l’indice des produits alimentaires de 5,5% et de celui des produits non alimentaires de 2,5%.
En ce qui concerne les produits alimentaires, la hausse a débuté depuis le mois de janvier 2021, avec des taux de 1,8% pour les huiles et graisses, pour atteindre des variations à deux chiffres avec 13,7% en février 2022. La hausse des prix des pains et céréales a connu une accélération notable depuis septembre 2021 avec 5,0%, pour atteindre 13,2% en février 2022.
Pour les produits non alimentaires, la hausse la plus importante a été enregistrée au niveau des carburants et lubrifiants, avec des hausses successives depuis avril 2021. Le prix du gasoil à la pompe a dépassé le niveau de 11dh/litre. L’augmentation du mois de février a été de 22,0% en termes de glissement annuel.
2022 : début sous le choc d’une hausse accélérée de l’inflation
L’accélération qu’a subie l’indice des prix à la consommation depuis le début de l’année 2022, résulte principalement de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 4,9% et de celui des produits non alimentaires de 2,4%. Pour les produits alimentaires, les hausses les plus importantes concernent les «huiles et graisses» avec 14,2%, «pains et céréales» avec 11,5%, les «légumes» avec 4,5% et les «viandes» avec 4,1%. En revanche, les prix des «fruits» et des «poissons» ont enregistré des baisses, respectivement, de 5,4% et 1,0%. Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des «carburants», avec 20,1%, et des «tabacs», avec 3,5%.
Le HCP estime qu’au Maroc, la hausse des prix devrait se maintenir en 2022 à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie. De même, les effets externes et la sécheresse devraient accroitre davantage les incertitudes quant à l’inflation au niveau national. Les risques inflationnistes resteraient incertains à court terme. La hausse des cours des matières premières importées et la crise dans la région de la Mer Noire, conjuguée à une montée vertigineuse des prix du baril à environ 140$/baril serraient de nature à maintenir le taux d’inflation au cours de l’année 2022 à des niveaux relativement élevés.
Pour ce qui est des perspectives d’évolution des prix à l’échelle mondiale, au cours de l’année 2022, elles risquent d’être exceptionnelles aussi bien dans les pays développés que les pays émergents. Du fait de l’augmentation des prix du pétrole, l’inflation sera plus élevée et généralisée que prévu.