La Vie Eco a organisé, mercredi 14 mai, une conférence-débat consacrée au thème : «Les nouvelles industries du Royaume».
L’événement a réuni plusieurs figures emblématiques du secteur industriel, notamment Riyad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Bachiri, président de la Commission développement industriel de la CGEM, Loubna Tricha, Directrice générale de l’OFPPT, et Ali Seddiki, Directeur général de l’AMDIE.
Il est ressorti des échanges que le Maroc a franchi un cap majeur dans son développement industriel, passant du statut de pays engagé dans les «nouveaux métiers mondiaux» à celui d’une nation où émergent des industries de pointe à forte valeur ajoutée.
Les résultats présentés à cette occasion témoignent d’une évolution impressionnante. En un peu plus de deux décennies, le nombre d’entreprises industrielles a été multiplié par trois, et les exportations industrielles ont été multipliées par six, atteignant 376 milliards de dirhams en 2023, soit plus d’un milliard de dirhams exporté chaque jour. Le Maroc s’est illustré dans plusieurs secteurs stratégiques, notamment l’automobile, l’aéronautique, l’agroalimentaire et l’électronique.
Riyad Mezzour a souligné que ces succès sont le fruit de «choix économiques lourds, forts, sacrificiels parfois, pris il y a 25 ans pour intégrer le pays dans la modernisation».
En effet, l’ouverture du Maroc a permis d’attirer les investissements étrangers, d’ouvrir de nouveaux marchés et de créer de l’emploi.
«Le Maroc possède aujourd’hui tous les ingrédients pour réussir son émergence : une jeunesse qualifiée, avec plus de 510.000 diplômés chaque année, et l’accès à une énergie abondante et à bas coût, issue des énergies renouvelables», a-t-il affirmé, tout en insistant sur l’importance de doubler rapidement la taille de l’économie nationale afin de répondre aux attentes de cette jeunesse en matière d’emploi.
L’automobile en vedette
En tête de file de ces «industries nouvelles», le secteur automobile, en particulier, affiche des performances spectaculaires. La production est passée de 15.000 véhicules en 2005 à 413.000 en 2023, dont 90% sont exportés vers quelque 70 pays, principalement en Europe.
Symbole de ce succès, la Dacia Sandero produite à Tanger a été la voiture la plus vendue en Europe l’année dernière, toutes marques confondues.
Le Royaume s’impose désormais comme la première base industrielle du continent pour l’automobile et l’aéronautique, devançant même l’Afrique du Sud.
Conscient de cette prouesse, Mohamed Bachiri a rappelé que les résultats de l’automobile ne sont pas dus au hasard, mais à une coopération efficace entre les secteurs public et privé. Il a insisté sur l’importance de l’intégration locale, objectif majeur pour atteindre 80% de production locale dans la chaîne de valeur, en attirant notamment des fournisseurs de pièces détachées.
«Nous serons l’un des rares pays au monde à avoir ce niveau d’intégration locale. Cela nous permettra de maintenir la compétitivité et de nous projeter dans le futur avec des pas sûrs dans ce monde en pleine mutation, notamment dans la filière automobile», a t-il déclaré.
Il a aussi mis en garde contre les nouvelles régulations internationales susceptibles de restreindre les exportations, plaidant pour un think tank national capable d’anticiper ces évolutions.
Les métiers liés à l’Industrie 4.0, à la robotisation et à l’automatisation représenteront, selon lui, des enjeux déterminants pour l’avenir.
La formation, un pilier essentiel
Pour parvenir à un niveau de performance que requièrent ces industries nouvelles, la formation est un pilier essentiel. C’est sur cet aspect que s’est appesanti Loubna Tricha. Saluant la résilience du tissu industriel marocain et le rôle central de la force de travail nationale dans cette transformation, elle a détaillé l’approche pédagogique renouvelée de l’OFPPT, centrée sur l’adaptabilité, l’apprentissage pratique, la polyvalence et le développement des soft skills.
«Les usines pédagogiques implantées dans les centres de formation dans les différentes régions permettent une immersion réaliste dans les chaînes de production, y compris pour les technologies émergentes comme les véhicules électriques», a-t-elle souligné.
Intervenant sur le «have to do» pour un positionnement haut de gamme du Maroc au niveau mondial, Ali Seddiki a confirmé la position de leadership du Maroc dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique.
Selon lui, «le maillon manquant reste l’ancrage des PMIs (petites et moyennes industries) locales pour une intégration plus poussée au-delà des 65,5% actuels. Nous devons mettre en lumière les atouts des PME marocaines, notamment leur compétitivité face aux contraintes de l’internationalisation.
Les zones d’accélération industrielle offrent aujourd’hui un climat d’affaires exceptionnel, avec des délais records d’implantation d’usines», a t-il expliqué.
Seddiki a par ailleurs présenté la nouvelle vision portée par la marque «Morocco Now», qui repose sur six piliers : stabilité, accès à un marché de 2,5 milliards de consommateurs, infrastructures de haut niveau, capital humain de qualité, compétitivité responsable, et capacité d’exécution. Le flux d’investissements qu’enregistre actuellement le Maroc est, selon lui, «phénoménal, du jamais vu».
Désy M.