Abdellatif Jouahri ne manie pas la langue de bois. Quand il n’est pas content, il le fait savoir. Quel que soit son interlocuteur. Ce mardi, ce sont les banques qui en ont pris pour leur grade. Le gouverneur de la Banque centrale est en effet très remonté contre le secteur. «Je ne suis pas content», a-t-il martelé à plusieurs reprises. La raison de sa colère : la «spéculation contre le Dirham», qu’elle juge inadmissible. «il n’y aura pas de dévaluation du Dirham. Tous les calculs que nous avions faits montrent que le Dirham n’était pas désaligné. Au contraire, provoquer une dévaluation serait contre-productif», tranche-t-il net, ajoutant que «quand on veut faire une opération de dévaluation, on la fait très vite, mais pas au moment où l’on doit migrer vers un régime de change flexible». Surtout, rappelle-t-il, les prérequis sont là pour migrer vers le régime de change flexible.
Ce qui irrite Jouahri, c’est que tout cela était déjà connu des banques qui devaient en informer leurs clients. «Et j’étais d’autant plus confiant qu’elles avaient commencé des tournées régionales dans ce sens», précise-t-il. «Quand j’ai vu ce qui se passait ces derniers jours, je n’étais pas content parce qu’on spéculait contre le Dirham», renchérit-il, notant que ces manœuvres de couverture visaient vraisemblablement à se protéger contre une éventuelle dévaluation.
Face à cette situation, Jouahri a donc «demandé à chaque banque de justifier ses opérations». «Je suis mécontent parce qu’on remet en cause la crédibilité de la Banque centrale et des autorités monétaires, et je ne peux l’accepter», fait-il savoir. Rappelant qu’il a «toujours dit qu’il ne faut pas mélanger régime de change et taux de change» et qu’il a «joué la transparence en tenant 14 réunions avec le secteur bancaire et 12 avec les entreprises privées».
Visiblement, cela n’a pas suffi à dissiper certaines appréhensions. Et BAM va faire des missions de vérification. Y aura-t-il des sanctions in fine ? Peut-être.
D.W.