La Cour des comptes a demandé au gouvernement de procéder à une refonte de l’investissement public pour revoir les priorités nationales en la matière, révèle un rapport de cette institution.
Présentant mardi le rapport sur "les activités des juridictions financières" devant les deux Chambres du Parlement, le premier Président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a dans cette perspective appelé l'Exécutif à privilégier les critères de l’efficacité, la rentabilité et la bonne gouvernance contribuant à un développement équilibré, équitable, générateur de revenus et d’emplois.
Cette recommandation, a-t-il dit, s’inscrit dans la lignée des Hautes orientations royales visant l’adoption d’un nouveau modèle de développement "apte à réduire les disparités sociales et les inégalités existantes, à instaurer la justice sociale", en veillant à le doter de mécanismes efficaces pour sa mise en œuvre sur les plans local et régional. Il a à cet égard rappelé que le Roi Mohammed VI a fixé un délai de trois mois pour la présentation des contributions et études y afférentes et a décidé de confier à une commission ad-hoc la responsabilité de les collecter.
D'après le rapport, le volume des investissements publics s’est élevé en 2017 à 188,3 milliards de dirhams (MMDH), dont 66,8 milliards réalisés par l’Etat, 106 milliards par les établissements et entreprises publics, et 15,5 milliards par les collectivités territoriales. En dépit de l’effort financier de l’État dans le domaine social et de la multiplicité des programmes et des organismes publics chargés de leur exécution, a relevé Jettou, "notre pays n’est pas encore parvenu à réduire les disparités et à contenir la pauvreté et la précarité de la population dans plusieurs zones et régions du Royaume".
"Le temps est venu pour mettre fin à cette situation de dispersion dans l’allocation des ressources publiques aux secteurs sociaux, entre les différents plans, programmes et organismes, sans qu’il soit veillé à l’impact direct sur les conditions sociales de la population", a-t-il recommandé. La situation actuelle exige, a-t-il ajouté, "une mobilisation globale et une gestion optimale de ces ressources, dans le cadre d’une approche visant le ciblage approprié de la population et des zones concernées et la priorisation des programmes de soutien social qui ont démontré leur efficacité sur les plans national et international". Il s’agit, précise le rapport, des mesures visant le soutien à la scolarisation, l’assistance médicale et la protection sociale, le soutien au pouvoir d’achat des couches sociales nécessiteuses, et d’une manière générale la lutte contre la pauvreté et la précarité sur la base de procédures simplifiées d’accès à ces aides.
Jettou a ainsi émis le souhait de voir les efforts se conjuguer pour la mise en œuvre de l’initiative royale annoncée dans le discours du Trône visant la création du "registre social unifié", comme système national d’identification des familles pour bénéficier des programmes de soutien social.
Présidée par Habib El Malki et Hakim Benchamach, présidents respectivement de la chambre des représentants et de la chambre des conseillers, cette séance s'est déroulée en présence notamment du ministre délégué chargé des relations avec le parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi.