La dette extérieure totale des pays les plus pauvres a augmenté de 9,5% pour atteindre un record de 744 milliards de dollars en 2019 par rapport à l'année précédente, selon un rapport publié lundi par la Banque mondiale.
Ces chiffres soulignent l'urgence pour les créanciers et les emprunteurs de collaborer afin d'éviter le risque croissant de crises de la dette souveraine provoquées par la pandémie de Covid-19.
En 2019, le rythme d'accumulation de la dette de ces pays était près de deux fois supérieur à celui des autres pays à faible et moyen revenu.
Avant le début de la pandémie de Covid-19, l'augmentation des niveaux de la dette publique était déjà une source d'inquiétude, en particulier dans de nombreux pays les plus pauvres du monde.
En réponse à un appel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), le G20 a approuvé l'initiative de suspension du service de la dette (DSSI) en avril 2020 pour aider jusqu'à 73 des pays les plus pauvres à gérer l'impact de la pandémie de Covid-19.
Le montant de la dette des pays éligibles au DSSI envers les créanciers bilatéraux officiels, composés principalement de pays du G20, a atteint 178 milliards de dollars en 2019 et représentait 17% des flux de dette nette à long terme des pays à faible et moyen revenu.
Au sein du groupe des créanciers du G20, il y a eu des changements importants caractérisés par une augmentation marquée des prêts accordés par les pays membres du G20 qui sont eux-mêmes des pays à revenu intermédiaire.
La Chine, de loin le plus grand créancier, a vu sa part de la dette combinée due aux pays du G20 passer de 45% en 2013 à 63% fin 2019.
Au cours de la même période, la part du Japon, deuxième créancier du G20, est restée globalement la même, à 15%.
Une plus grande transparence de la dette aidera de nombreux pays à faible et moyen revenu à évaluer et à gérer leur dette extérieure pendant la crise actuelle et à travailler avec les décideurs politiques pour atteindre des niveaux et des conditions d'endettement viables.
«L'obtention d'un niveau d'endettement durable à long terme dépendra d'un changement à grande échelle dans l'approche mondiale de la transparence de la dette et des investissements», a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.
«Le temps est venu d'adopter une approche beaucoup plus globale pour s'attaquer à la crise de la dette à laquelle sont confrontés les habitants des pays les plus pauvres, une approche qui implique la suspension du service de la dette ainsi que des efforts plus larges tels que la réduction de l'encours de la dette et une restructuration plus rapide de la dette, fondée sur une plus grande transparence de la dette», a-t-il ajouté.
«La dette est ce qui permet aux gouvernements de disposer des ressources supplémentaires dont ils ont besoin pour investir dans les systèmes de santé, l'éducation ou les infrastructures», a déclaré Carmen Reinhart, économiste en chef de la Banque mondiale.
«Si vous avez un problème de dette, toutes ces ambitions en souffrent. C'est pourquoi il est important de ramener la dette sur un terrain viable le plus rapidement possible. Nous ne pouvons pas nous permettre une autre décennie perdue», ajoute-t-elle.
Le Groupe de la Banque mondiale a indiqué avoir pris des mesures pour aider les pays en développement à renforcer leur réponse à la pandémie à travers le soutien aux interventions de santé publique, l'appui à la circulation des fournitures et des équipements essentiels et l'aide au secteur privé pour poursuivre ses activités et maintenir les emplois.
L'institution financière prévoit de déployer jusqu'à 160 milliards de dollars de soutien financier sur 15 mois pour aider plus de 100 pays à protéger les personnes pauvres et vulnérables, à soutenir les entreprises et à favoriser la reprise économique.