L'économie mondiale devrait se contracter de -4,4% en 2020, avant de rebondir avec une croissance de 5,2% en 2021, a annoncé mardi le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport semestriel sur "Les perspectives de l’économie mondiale".
La révision du niveau de contraction à court terme reflète "des résultats du PIB meilleurs que prévu au deuxième trimestre, principalement dans les économies avancées, où l'activité a commencé à s'améliorer plus tôt que prévu après la réduction des mesures de confinement en mai et juin, ainsi que des indicateurs d'une reprise plus forte au troisième trimestre", peut-on lire dans le rapport sous-titré "Une longue et difficile ascension".
La croissance mondiale est projetée à 5,2% en 2021, un peu moins que dans la mise à jour des PEM de juin 2020, reflétant le ralentissement plus modéré prévu pour 2020 et conforme aux mesures persistantes de distanciation sociale, relève le FMI.
Après la contraction en 2020 et la reprise en 2021, le niveau du PIB mondial en 2021 devrait être légèrement supérieur de 0,6% à celui de 2019. Les projections de croissance impliquent de larges écarts de production négatifs et des taux de chômage élevés cette année et en 2021 dans les économies de marché avancées et émergentes.
Après le rebond de 2021, la croissance mondiale devrait progressivement ralentir à environ 3,5% à moyen terme. Cela n'implique que des progrès limités vers le rattrapage de la trajectoire de l'activité économique pour 2020-2025 prévue avant la pandémie pour les marchés avancés et émergents et les économies en développement.
"Cette projection de référence suppose que la distanciation sociale se poursuivra jusqu'en 2021 mais disparaîtra par la suite avec le temps à mesure que la couverture vaccinale s'étendra et que les thérapies s’amélioreront", note le FMI.
Les projections à moyen terme supposent également que les économies connaîtront des conséquences marquées par la profondeur de la récession et la nécessité d'un changement structurel, entraînant des effets persistants sur la production potentielle, ajoute-t-on.
"Les résultats auraient été beaucoup plus faibles s'il n'y avait pas eu de réponses fiscales, monétaires et réglementaires importantes, rapides et sans précédent qui ont maintenu à disposition un revenu adéquat pour les ménages, un flux de trésorerie protégé pour les entreprises et une offre de crédit soutenue. Collectivement, ces actions ont jusqu'à présent empêché une répétition de la catastrophe financière de 2008-09", a soutenu l’économiste en chef du FMI, Gita Gopinath, lors d'un point de presse.
"Cependant, la crise est loin d’être derrière nous", a-t-elle indiqué, soulignant que "remonter la pente prendra sans doute du temps: l’ascension pourrait se révéler accidentée et pleine d’imprévus."
L’experte du FMI a fait observer que la pandémie a fait diverger les perspectives de revenu des pays avancés d’une part, et celles des pays émergents et des pays en développement d’autre part.
"D’après nos prévisions, cette divergence devrait s’accentuer. Nous avons revu nos prévisions à la hausse pour les pays avancés, qui devraient voir leur PIB se contracter de 5,8 % en 2020, avant un rebond à 3,9 % en 2021. En revanche, nous avons revu nos prévisions à la baisse pour les pays émergents et les pays en développement (hors Chine), qui devraient voir leur PIB se contracter de 5,7 % en 2020, avant de retrouver une croissance à 5 % en 2021", a-t-elle précisé.
Après son rebond prévu en 2021, la croissance mondiale devrait progressivement ralentir pour s’établir autour de 3,5 % à moyen terme, a-t-elle poursuivi, notant que les pertes de production cumulées par rapport à la trajectoire prévue avant la pandémie devraient passer de 11 000 milliards de dollars entre 2020 et 2021 à 28 000 milliards entre 2020 et 2025.
"Cette évolution marque un sérieux revers pour l’amélioration du niveau de vie moyen dans tous les groupes de pays", a relevé Gopinath.
Pour pallier à la crise, l’économiste en chef du FMI plaide pour une meilleure collaboration internationale en vue de mettre fin à la crise sanitaire.
"D’après nos estimations, si des solutions médicales devenaient disponibles plus rapidement et à plus grande échelle que dans notre scénario de référence, les revenus mondiaux pourraient augmenter cumulativement de près de 9 000 milliards de dollars d’ici la fin 2025, ce qui augmenterait les revenus dans tous les pays et limiterait la divergence des perspectives de revenus entre les différents groupes de pays", a-t-elle fait savoir dans le rapport.
Deuxièmement, a-t-elle ajouté, les pouvoirs publics doivent continuer de fournir des compléments de revenus, en accordant de manière ciblée des transferts monétaires, des subventions salariales et des allocations chômage.
"Pour éviter les faillites à grande échelle et veiller à ce que les travailleurs puissent retrouver un emploi productif, il convient, lorsque c’est possible, de continuer à soutenir les entreprises vulnérables mais viables, au moyen de reports d’impôts, de moratoires sur le service de la dette et d’injections de capitaux sous la forme de prises de participation", a-t-elle soutenu.
La publication du rapport sur "Les perspectives de l’économie mondiale" intervient à l'ouverture des Assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale dont les travaux se poursuivent jusqu'au 18 octobre.