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Le Maroc en eau trouble

Le Maroc en eau trouble

Rien ne va plus. L’eau ne coule plus de source. Et l’état d’urgence hydrique est bien une réalité à laquelle le Maroc doit faire face.

Cette situation d’urgence est dictée par la baisse drastique des ressources hydriques qui frappe le Royaume et qui inquiète au plus haut sommet de l’Etat. L’eau était d’ailleurs au cœur du discours royal prononcé vendredi après-midi à Rabat, lors de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 11ème législature. Et le Roi n’a pas pris de gant pour rappeler la situation critique que traverse le pays, frappée par «la période de sécheresse la plus intense qu’il ait connue depuis plus de trois décennies».
 
Le diagnostic du Souverain a ceci de pertinent qu’il met en exergue une donne importante : la sécheresse n’est pas un épiphénomène, mais plutôt un «phénomène structurel» auquel il faut apporter des réponses appropriées. 
 
C’est pourquoi, au-delà des mesures ponctuelles visant à assurer la disponibilité de l’eau potable, il faut une vision à long terme susceptible de garantir la sécurité hydrique du Royaume. D’où l’élaboration du Programme national prioritaire de l’eau 2022-2027, qui vient compléter toutes les initiatives prises auparavant par les autorités. «Depuis notre accession au Trône, nous avons poursuivi avec constance et détermination la politique de construction des barrages. C’est ainsi que plus de 50 nouveaux ouvrages de grande ou moyenne taille ont été érigés et que 20 autres sont en cours», rappelle le Souverain, tout en insistant sur la nécessité d’«accélérer la réalisation de ce Programme». Et ce, à travers «l’achèvement de la construction des barrages programmés, la mise en place d’interconnexions hydrauliques et la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer». Sur ce dernier point, le Directeur général de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi, partage parfaitement la vision royale. Pour lui, et comme il l’a si bien souligné lors du Symposium de l’eau organisé le 5 octobre par Finances News Hebdo, l’avenir du Maroc dans ce domaine est dans le dessalement. Son optimisme tient au fait qu’«auparavant, le coût de production du mètre cube était trop élevé en raison du prix de l’énergie (qui représente 45% du coût de production du mètre cube). Actuellement, ce n’est plus le cas, d’autant qu’avec les avancées réalisées par le Royaume dans le domaine des énergies renouvelables, le kwh est très compétitif».
 
La chasse au gaspillage
 
La problématique de l’eau n’est pas spécifique au Maroc. C’est une problématique mondiale inhérente au changement climatique, lequel induit des sécheresses de plus en plus récurrentes et une rareté des ressources hydriques. Raison pour laquelle les réponses apportées par les pouvoirs publics, à elles seules, ne sauraient suffire. Il faut nécessairement l’adhésion de tous, et particulièrement des citoyens qui, au regard de la criticité de la situation, doivent désormais avoir… un rapport à l’eau citoyen. Et le Roi ne dit pas autre chose. «L’état actuel des ressources hydriques nous interpelle tous, gouvernement, institutions et citoyens. Il exige de nous, un devoir de vérité et de responsabilité, dans notre action pour remédier aux faiblesses et aux carences qu’elle révèle. De fait, le Maroc se trouve désormais en une situation de stress hydrique structurel et la seule construction d’équipements hydrauliques, si indispensable et importante soit-elle, ne suffit pas à régler tous les problèmes. Nous appelons donc à un traitement diligent de la problématique de l’eau, dans toutes ses dimensions, et notamment à une rupture avec toutes les formes de gaspillage ou d’exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale», précise le Souverain. Et de souligner qu’«il nous incombe, à nous tous, en tant que Marocains, de redoubler d’efforts pour faire un usage responsable et rationnel de l’eau. Cela passe par un changement véritable de comportement dans notre rapport à l’eau. Et en la matière, les administrations et les services publics se doivent de donner l’exemple. Il faut également assurer une gestion optimale de la demande, en concomitance avec les réalisations en cours, en matière de mobilisation des ressources hydriques». En cela, le Roi appelle à initier quatre actions prioritaires : 
 
·       Premièrement : lancer des initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et technologies nouvelles, dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées.  
 
·       Deuxièmement : accorder une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques.  
 
·       Troisièmement : garder à l’esprit que la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs.  
 
·       Quatrièmement : prendre en compte le coût réel de l’eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource et considérer ce que cela implique en termes de transparence et de sensibilisation aux différents aspects de ce coût.
 
A l’évidence, l’indépendance hydrique du Maroc dépendra de la mise en œuvre, de façon efficiente, de toutes les mesures préconisées. Car le diagnostic établi est on ne peut plus clair. Tout comme le sont les solutions proposées. Qui restent seulement à être concrétisées. Parce qu’au final, l’eau est devenue richesse, puisque nos puits sont secs, nos barrages ont soif et nos nappes phréatiques sont déshydratées.
 
F. Ouriaghli

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