La Fondation Attijariwafa bank a organisé, jeudi 31 janvier, à Casablanca, une nouvelle édition de son cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre».
Placée sous le thème «Le Monde, l’Afrique, le Maroc : quelles perspectives pour 2019 ?», cette première rencontre de l’année 2019 a permis de mettre un coup de projecteur sur la conjoncture économique mondiale et sur les défis à relever dans les prochains mois par les pays africains, et le Maroc en particulier.
Dans un mot de bienvenue, Ismail Douiri, DG du groupe Attijariwafa bank, a rappelé la nécessité de dresser un bilan de la dernière décennie, depuis la crise de 2008, afin d’évaluer les mesures adoptées pour éviter de nouveaux chocs.
«L’autre axe de réflexion sur lequel nous devons nous pencher, concerne la révolution des pratiques et des règles qui régissent nos sociétés, suite à l’expansion fulgurante des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle», dit-il.
De même, Douiri a identifié un autre volet de la problématique, le plus important, car il place l’Homme au cœur des préoccupations : «il s’agit du défi du développement humain et durable qui renvoie à la problématique de redistribution des richesses, de préservation de l’environnement, de la qualité de vie…, etc. »
Évoquant les perspectives économiques mondiales, Frederic Louat, DG du cabinet Riser Maghreb, s’est montré plutôt pessimiste.
«Il est important de revenir neuf mois en arrière. En avril 2018, le FMI prévoyait une croissance mondiale de 3.9%, contre 3.5% aujourd’hui. Ainsi, la croissance mondiale est en train de décélérer.
Les risques à la baisse sont plus importants que les risques à la hausse. De plus, certains risques identifiés il y a 9 mois, se sont matérialisés aujourd’hui pour devenir des tendances», indique-t-il.
Pour Louat, les risques majeurs susceptibles d’impacter l’économie mondiale dans les prochains mois sont multiples : le protectionnisme qui se concrétise et se généralise, les incertitudes géopolitiques et la montée du populisme qui, paradoxalement, pourrait être bénéfique à la conjoncture à court terme, dans la mesure où elle peut se traduire par une relance budgétaire, sous la pression populaire.
Abdou Diop, Managing Partner du cabinet Mazars Audit & Conseil, quant à lui, a fait preuve d’optimisme, non seulement pour les perspectives mondiales, mais également régionales.
Selon lui, l’Afrique a évolué vers plus de maturité, sur plusieurs plans.
Les résultats des dernières élections confirment l’évolution positive de la gouvernance, et la reprise des cours des matières premières devrait conduire à une reprise économique.
De même, les guerres civiles et ethniques sont de moins en moins nombreuses.
Diop a insisté par ailleurs sur trois aspects déterminants pour l’avenir de l’Afrique : la jeunesse africaine, l’éducation et l’intégration régionale.
«Nous ne pouvons pas avancer sans l’intégration régionale. Nous ne pouvons pas avoir 10 hubs dans le continent. Nous devons raisonner Régional. Chaque pays doit se spécialiser dans des secteurs particuliers. Ainsi, nous serons armés pour la zone de libre-échange continentale, note-t-il.
Enfin, Talal Chakir, chroniqueur radio et enseignant en sciences économiques et sociales, a rappelé la nécessité pour l’Afrique et le Maroc de prendre en considération les aspirations des citoyens et de définir des modèles de développement inclusifs.
«L’Afrique est en train de payer cher sa politique qui a omis le facteur sociétal. Les vrais défis pour le continent, y compris le Maroc, sont la répartition de la richesse et l’Education.
Les décideurs africains doivent être à l’écoute des aspirations de leurs citoyens et imaginer des modèles de développement basés sur l’inclusion sociale et la répartition équitable des richesses produites», fait-il remarquer.■