Face à un marché du travail marocain marqué par des déséquilibres persistants et une forte demande d'emploi, le rapport du think tank Policy Center for the New South propose des réformes innovantes centrées sur l'intermédiation active. Ce rapport, intitulé «L’intermédiation active : un levier de performance pour le marché du travail au Maroc», envisage cette approche comme un outil essentiel pour revitaliser l'emploi au Maroc.
Contrairement à une simple mise en relation des chercheurs d'emploi avec les employeurs, l'intermédiation active consiste en un accompagnement global des candidats. Cette approche englobe la formation, le conseil personnalisé et le soutien continu jusqu'à leur intégration réussie sur le marché du travail. Cependant, malgré les succès observés dans d'autres pays, cette pratique reste largement sous-exploitée au Maroc.
Les institutions comme l'ANAPEC, pourtant présentes sur l'ensemble du territoire avec ses 96 agences, peinent à répondre aux exigences actuelles. Avec un ratio de 1 conseiller pour 2.000 chômeurs et même 1 pour 1.000 diplômés, l'écart avec les standards internationaux (1 conseiller pour 250 à 500 chômeurs) est frappant. Le déséquilibre géographique aggrave la situation : à Casablanca-Settat, où 24% des chômeurs se concentrent, chaque agence doit gérer un afflux de 26.114 chômeurs.
Outre les structures publiques, les agences privées de recrutement jouent également un rôle crucial, notamment dans des secteurs techniques comme l'ingénierie et les technologies de l'information. Cependant, la pression pour des résultats rapides et la complexité croissante des régulations, notamment en matière de protection des données, posent des défis significatifs à ces agences.
Pour remédier à ces défis, le rapport met en avant plusieurs axes d'amélioration, parmi lesquels l'intégration des nouvelles technologies dans l'intermédiation active. Grâce à l'intelligence artificielle et à l'analyse de données, le Maroc pourrait développer des plateformes numériques capables de mettre en correspondance plus efficacement l'offre et la demande d'emploi. De telles plateformes, en plus de faciliter le «matching», pourraient proposer des services de formation en ligne, rendant l'intermédiation plus accessible, notamment pour les populations dans le milieu rural.
Une autre piste concerne l'individualisation des services d'accompagnement. Reconnaissant la particularité de chaque chercheur d'emploi, le rapport souligne la nécessité d'offrir des services personnalisés, prenant en compte non seulement les compétences techniques, mais aussi les ‘’soft skills’’ de plus en plus recherchées par les employeurs.
Enfin, le rapport plaide pour une collaboration renforcée entre les secteurs public et privé. Le secteur privé, en tant que principal créateur d'emplois, doit être un partenaire clé dans l'élaboration des programmes de formation et l'évaluation des besoins en compétences. Cette collaboration pourrait se concrétiser par la création de centres de formation spécialisés ou par des initiatives de mentorat.
Dans l'ensemble, pour que le marché du travail marocain puisse répondre aux besoins actuels, une refonte en profondeur de l'intermédiation active est indispensable. Cela passe par une meilleure coordination entre les politiques de l'emploi et de l'éducation, l'utilisation des nouvelles technologies, et une approche véritablement centrée sur l'individu.