La pandémie qui sévit à l’échelle nationale et internationale a montré une fois de plus l’urgence pour les Etats d’œuvrer à la consolidation de leurs systèmes de santé afin d’en accroître la résilience.
Au Maroc, comme partout ailleurs, le système de santé est placé sous les feux des projecteurs après les différents déficits relevés par la crise du Coronavirus. Le débat s’anime de plus en plus sur les mesures que les pays doivent prendre afin de le rendre plus résilient et plus efficace. Mais, ce qui est certain, c’est que le renforcement du système sanitaire suggère davantage de sources de financement, dont la gestion se doit d’être plus efficace. La Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc s’est penché sur le sujet autour d’un webinar sous le thème : «Les défis du financement de la santé au Maroc face à la pandémie».
Cette visioconférence a connu la présence de Noureddine Afouaiz, Directeur général du laboratoire GSK, qui a soulevé les problèmes dévoilés en termes de santé par cette crise : «La Covid-19 a montré qu’il est important d’avoir un système de santé flexible et fort, et qui puisse réagir rapidement aux problématiques de santé et aux besoins des citoyens».
Il a aussi rappelé les avancées réalisées par le système de santé au Maroc ainsi que les défis auxquels il doit faire face pour les années à venir. Selon lui, «notre système de santé s’est amélioré selon plusieurs indicateurs, tel le rallongement de l’espérance de vie qui est en baisse importante, de même que la mortalité infantile. Nous devons par ailleurs faire face à de nombreux défis comme l’innovation médicale, l’amélioration du système de la santé et la prise en charge. Il y a beaucoup de défis à relever, mais ce qui est évident c’est que cela passera par l’amélioration du financement».
Egalement présent lors de ce débat, Anas Rihani, directeur de la planification et des ressources financières au ministère de la Santé, est revenu sur les budgets consacrés à la santé. Il a entre autres rappelé les objectifs du ministère, notamment l’augmentation de la capacité litière en 2021 avec plus de 2.000 nouveaux lits, la construction de nouvelles structures hospitalières, notamment à Tanger, Agadir et Laâyoune, ainsi que la hausse ressources humaines pour les années à venir. Pour lui, «il faut que les dépenses budgétaires de la santé ne soient pas uniquement une affaire du ministère de la Santé, mais de l’ensemble du gouvernement».
Intervenant également lors de ce débat, Jaafar Heikel, directeur de la clinique «Vinci» et médecin épidémiologiste spécialisé dans les maladies infectieuses, a fait un focus sur la politique de santé au Maroc et les problématiques structurelles des dépenses. «Les dépenses de la santé ont évolué de façon plus importante que la croissance économique au cours de la même période. Dix fois plus pour certaines prestations de santé», note-t-il.
«Les dépenses par pathologie prioritaire de santé publique étaient supérieures dans le secteur public comparativement au privé, ce qui n’est pas explicable car aussi bien le coût du personnel, de médicaments, de frais de soins ambulatoires et hospitaliers ou les charges d’exploitation sont inférieures».
Il a aussi insisté sur l’importance d’une meilleure coordination entre tous les acteurs de santé du pays et d’un partenariat public-privé efficace et offrant un meilleur parcours de soins aux malades.
Ainsi, il ressort de ce débat que l’amélioration du système de santé du Royaume ne pourra se faire sans un partenariat public-privé résilient, accompagné d’un système de couverture sociale efficace, et avec plus de financement.
Badr Chaou