Le Conseil économique social et environnemental (CESE) vient de publier un rapport intitulé «Face aux conduites addictives : état des lieux et recommandations».
Adopté par l’assemblée générale du 29 décembre 2021, ce rapport passe en revue les définitions internationales de l'addiction, traite de la diversité de ses formes, de l'étendue de sa propagation et de ses dommages potentiels au Maroc, tout en avançant des pistes visant à établir une meilleure protection contre ses répercussions psychologiques, sanitaires et sociales.
Il relève aussi que les biens et services licites à fort potentiel addictif représentent un volume d’affaires de l’ordre de 3% du PIB (plus de 30 milliards de DH) et pèsent plus de 9% dans les recettes fiscales de l’Etat et préconise qu’une part substantielle et pérenne de ces revenus soit affectée à la prévention et aux soins contre les troubles addictifs.
«Les faits et données relatifs à la situation des addictions au Maroc sont préoccupants, d'autant plus que les conduites addictives ne sont pas suffisamment reconnues, et ne sont pas prises en charge par les organismes de protection sociale, ni traitées comme des maladies», indique le rapport.
• Des données de 2005 estimaient l’usage des substances psychoactives à 4,1%, l’abus et la dépendance aux drogues à près de 3%, l’abus d’alcool à 2% et la dépendance alcoolique à 1,4%. Une étude régionale de 2016 estimait à 18.500 les personnes qui s’injectent des drogues au Maroc, avec des prévalences élevées du VIH (11,4%) et de l’Hépatite C (57%).
• 6 millions de personnes fument au Maroc dont 5,4 millions d’adultes et un demi-million de mineurs de moins de 18 ans. Chaque année 15 milliards de cigarettes sont consommées avec des teneurs en nicotine et en substances toxiques supérieures aux produits autorisés en Europe et 35,6% de la population sont exposées au tabagisme.
• 7,9% des élèves âgés entre 13 et 17 ans sont des fumeurs dont 63,3% ont commencé avant l’âge de 14 ans, 9,0% disent avoir consommé au moins une fois du cannabis au cours de leur vie (64% ont commencé avant l’âge de 14 ans), 13,3% ont expérimenté la consommation de l’alcool, 5% ont expérimenté la consommation des psychotropes et la prévalence de la cocaïne durant la vie était de 1,4%.
• 2,8 à 3,3 millions de personnes pratiquent le jeu d’argent dans notre pays, dont 40% sont considérés comme des joueurs à risques excessifs.
• 40% ont un usage problématique à Internet et environ 8% sont en situation d’addiction.
Le rapport établit des constats qu’il juge préoccupants, notamment le fait que les addictions ne sont pas encore suffisamment reconnues et effectivement prises en charge par les organismes de protection sociale et traitées en tant que maladies alors qu’elles sont définies comme telles par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à ces chiffres inquiétants, le CESE recommande de dédier au moins 10% de ces revenus au financement des soins, à la recherche et à la prévention de l’addiction.