La diversité de genre au sein des organes de gouvernance des entreprises fait l’objet, depuis plusieurs années, d’un vaste corpus d’études et d’enquêtes dans le monde entier.
Selon une enquête conduite par la Société financière internationale (IFC) et le Club des femmes administrateurs au Maroc (CFA), en collaboration avec le cabinet PwC Maroc, la diversité des genres au sein des Conseils d’administration et de surveillance est un gage de performance pour les entreprises.
Initiée en septembre 2021, cette enquête menée en ligne auprès de 133 administrateurs explore la relation entre la diversité de genre et la performance, ou efficacité des organes de gouvernance des entreprises au Maroc.
En effet, la thématique de la diversité de genre au sein des Conseils prend une importance croissante à l’échelle mondiale. Au Maroc, la réforme récente de la loi sur les sociétés anonymes a donné lieu à l’introduction d’un système de quotas de femmes administratrices pour les entreprises faisant appel public à l’épargne, telles que les sociétés cotées en Bourse.
Cette nouvelle loi, adoptée en juillet dernier, stipule que les Conseils d’administration et les Conseils de surveillance devront inclure un taux minimum de 30% de femmes d’ici janvier 2024, et d’au moins 40% de femmes d’ici janvier 2027.
Ladite enquête, réalisée sur la base de questions relatives au fonctionnement, aux pratiques et à la composition des organes de gouvernance et à la présence des femmes dans ces instances, a permis d’aboutir à la conclusion que les organes de gouvernance mixtes sont plus performants. Il en ressort que 95% des répondants considèrent que les femmes contribuent à l’efficacité des Conseils. (Engagement et sens des responsabilités (60%), participation active aux différents Comités (55%), différence d’approche des sujets (46%)).
Par ailleurs, cette enquête a permis de faire ressortir plusieurs enseignements et d’établir un constat récurrent déjà observé dans d’autres études similaires.
Manque de diversité
À l’instar de ce qui est observé dans d’autres pays, les organes de gouvernance des entreprises marocaines souffrent d’un manque de diversité de genre, et rares sont celles qui emploient des femmes présidant leurs Conseils d’administration ou de surveillance.
Parallèlement à ce premier constat, l’enquête fait ressortir le faible nombre d’administratrices indépendantes dans les Conseils : 65% des femmes administrateurs sont salariées de l’entreprise, et seules 12% sont des administratrices indépendantes.
«Les résultats de cette enquête montrent que les membres des Conseils d’administration et de surveillance sont conscients que les femmes constituent un réel atout», a déclaré Amina Figuigui, présidente de CFA. «Toutefois, cette prise de conscience ne se traduit pas encore en actes, et le nombre de femmes dans les organes de gouvernance demeure faible».
Bien que l’apport en termes de compétences et d’expérience des administratrices soit quasi unanimement reconnu par la grande majorité des répondants et qu’une réforme réglementaire soit en cours, la question de la diversité de genre n’est que peu abordée par la plupart des Conseils et peu lui accordent l’intérêt et la priorité qu’elle mérite.
«Les conclusions de cette enquête montrent que les entreprises au Maroc peuvent faire plus pour favoriser la diversité des genres au sein de leurs Conseils d’administration et de surveillance et améliorer leur gouvernance. IFC se tient prête à aider les entreprises au Maroc à réduire les écarts de genre», souligne Georges Joseph Ghorra, directeur par intérim d’IFC pour le Maghreb.