Les négociations de l’accord sur les services devraient basculer dans le cadre de nouvelles négociations relatives à un accord global et approfondi.
Eneko Landaburu, Ambassadeur de l’Union européenne au Maroc, estime que les relations passeront d’une liberté d’échanges à une logique d’intégration économique des secteurs.
- Finances News Hebdo : Le Maroc et l’UE se sont accordés à démarrer les négociations pour l’établissement d’un accord global et approfondi entre les deux partenaires. Qu’apportera-t-il de plus que les accords existants ou en cours de négociation ?
- Eneko Landaburu : Nous sommes à un stade où nous allons commencer, en début d’année prochaine j’espère, une grande négociation sur un accord de libre-échange complet et approfondi. Cela signifie que nous allons au-delà des accords commerciaux : d’agriculture déjà conclu, celui des services en cours de négociation, celui de l’industrie qui est en pratique. En effet, dans ces trois domaines, nous avons des accords de facilitation du commerce.
Nous allons donc au-delà, parce que nous voulons nous accorder sur des règles relatives aux marchés publics, la défense de la propriété industrielle et des thèmes qui favorisent l’intégration économique des secteurs, pas seulement le commerce !
Cela va prendre du temps, mais nous avons convenu, des deux côtés, d’entamer les négociations début 2013. Croyez bien que cela ne se fera pas en deux jours, mais nous passerons d’une liberté d’échanges à une logique d’intégration économique des secteurs. Et tout ce dont on parle actuellement, qu’il s’agisse de co-localisation, à savoir comment dans une chaîne de production une partie pourrait être réalisée au Maroc et une autre en Europe, s’insère tout à fait dans cette approche. Et cela peut être un facteur pour attirer les IDE européens, pour lesquels le marché marocain, il faut le dire, est très étroit.
Si l’Union du Maghreb se faisait, on aurait un marché énorme avec plus d’attractivité des IDE.
A défaut, il faut trouver les moyens d’être attractif pour l’investisseur étranger, notamment européen.
- F. N. H. : Les mesures entreprises par le Maroc suffisent-t-elles …
- E. L. : En effet, si l’on fait des progrès pour rendre plus attractif le marché marocain en tant que tel, notamment à travers une réforme de la Justice, ce qui sécurise l’acte d’investir et l’impartialité de la Justice, si l’on améliore le climat des affaires, si on fait des réformes pour régler les retards de paiements, etc : tout cela participe à améliorer l’attractivité du Maroc.
Et donc, l’accord global et approfondi est un accord général qui va dans ce sens.
- F. N. H. : Quatre ans après l’octroi d’un Statut avancé au Maroc, où en sommes-nous aujourd’hui ?
- E. L. : Alors, contrairement à ce que j’ai entendu aujourd’hui, le Statut avancé a bien évolué ! Effectivement, des progrès ont été réalisés notamment dans le domaine de la législation phytosanitaire qui était essentielle pour exporter des produits marocains vers l’Europe; c’est fait !
Mais également dans le domaine des normes industrielles pour que les produits industriels marocains répondent à certaines qualifications pour être exportés vers le marché européen, avec le concours des centres de qualité …
Dire que l’on n’a pas fait des progrès sur le grand chantier du Statut avancé est faux.
Il est vrai que de grands progrès ont été réalisés davantage dans la partie de l’intégration politique que dans le domaine économique, mais c’est en grande partie parce que nous n’avons pas encore un plan élaboré par le Maroc qui trace ses priorités, notamment sur le plan de la convergence réglementaire.
- F. N. H. : Concernant l’accord sur les services, quels sont les points qui freinent les négociations en cours ?
- E. L. : Il est fort probable que la négociation sur les services qui est en cours basculera dans le cadre de ce nouvel accord global et approfondi. Tous les acquis seront placés au sein de cet accord.
Il est vrai que nous n’avons pas résolu l’ensemble des points en suspens, mais les négociations se poursuivront dans le cadre de négociation pour l’accord global et approfondi.
Pages réalisées par I. Bouhrara