Mohammed Fikrat a quitté le 15 octobre le groupe Cosumar qu'il dirige depuis 2005.
Après plus de 15 ans à la tête de Cosumar, Mohammed Fikrat a décidé de quitter le navire. Officiellement, «pour poursuivre d'autres activités hors du Groupe».
Il part en laissant néanmoins derrière lui un groupe solide, acteur de référence de l’industrie agroalimentaire au Maroc.
Le cheminement de Cosumar a ceci de particulier qu’il a évolué en étant toujours à l’écoute profond de l’environnement au sein duquel il opère. Certes, le concept d’écosystème est devenu «populaire» sous l’ère Moulay Hafid Elalamy, avec notamment le fameux Plan d’accélération industrielle. Pourtant, Fikrat en a compris depuis bien longtemps la pertinence, convaincu que c’est ce qui pouvait permettre de construire une industrie sucrière innovante et forte.
C’est pourquoi, depuis 2005, date à laquelle il a pris les rênes du Groupe, ce lauréat de l’Ecole centrale de Paris, titulaire également d’un DEA en sciences des matériaux, s’est effet évertué à faire en sorte que Cosumar ne fasse pas cavalier seul, mais tire tout le secteur sucrier vers le chemin du progrès.
Dans ce sens, l’acquisition des sucreries publiques en 2005 (Suta, Surac, Sunabel et Sucrafor) a donné lieu à un important travail de synergies, à travers notamment la généralisation des bonnes pratiques pour l’amont agricole, où le partenariat a été renforcé. De même, des synergies ont été développées entre les unités industrielles, dans l’achat et la gestion des intrants, mais également du point de vue commercial…
Bref, l’objectif était de bâtir un groupe cohérent, impliqué dans son écosystème, mais surtout très proche des agriculteurs. Cela a permis au Groupe de consolider son rôle d'agrégateur modèle de 80.000 agriculteurs betteraviers et canniers des cinq régions sucrières, modernisant ainsi la filière tout en améliorant les revenus des agriculteurs grâce à de meilleures performances agronomiques. Ce n’est donc pas pour rien que la structure d’agrégation au Maroc est saluée à l’international, notamment par l’Organisation internationale du sucre que Fikrat a eu à présider.
L’expertise probante acquise par le Groupe l’a dès lors incité à avoir d’autres prétentions, d’autres ambitions. Et à la faveur du partenariat industriel avec Wimmar, le Groupe s’est donc internationalisé, posant… ses cannes en Arabie Saoudite, mais aussi en Guinée.
Fikrat s’en va donc avec le sentiment d’avoir pleinement accompli sa mission.
Cet homme affable, toujours un sourire au coin des lèvres, laisse derrière lui un groupe moderne, aux ambitions internationales soutenues, et dont les racines sont profondément enfouies dans les terres marocaines. En cultivant la proximité avec l’ensemble des intervenants du secteur, Fikrat aura surtout réussi à faire de la filière sucrière une activité bien structurée, complètement intégrée, dont la valeur ajoutée profite directement aux régions.
A charge, maintenant, pour le nouveau DG, Amine Louali, de consolider les acquis et de soutenir cette ambition du Groupe Cosumar de devenir un acteur régional sucrier majeur en Afrique.
Reste maintenant à savoir où Fikrat va déposer son baluchon. Nous ne doutons néanmoins guère qu’il continuera à gratifier le Maroc de son expérience et de son expertise.