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Par-delà la SAMIR, la question de la souveraineté énergétique

Par-delà la SAMIR, la question de la souveraineté énergétique

La récente découverte au large des côtes d’Agadir d’un gisement pétrolier estimé par la compagnie britannique «Europa Oil & Gas» à un milliard de barils, vient relancer le sempiternel débat autour du sauvetage de la SAMIR.
 

  
Si la découverte reste encore à confirmer comme l’indique «Europa Oil & Gas», la dimension stratégique de la SAMIR dans le cadre de notre sécurité énergétique ne l’est certainement pas. Car ne possédant plus de capacités de raffinage, le Maroc importe au prix fort des produits raffinés comme l’essence et le gasoil, au détriment du pouvoir d’achat des Marocains mais au profit d’une inflation importée dont les consommateurs font quotidiennement les frais. 
 
Si la rentabilité économique n’est certes pas forcément le point fort de la SAMIR, quoique, puisque tout dépend du seuil de rentabilité et du niveau des cours à l’international, elle offre cependant des capacités importante de stockage et de production de produits dérivés qui pourraient profiter à tout un pan de l’économie marocaine.
 
Autre intérêt majeur, la relance de la SAMIR permettrait également de réduire la volatilité des prix à la pompe en privilégiant une logique de contrat à long terme, dont les prix ne dépendent pas des marchés Spot où les traders et autres spéculateurs font florès, mais d’un cours négocié en amont avec le fournisseur.
 
Cette logique permet d’ailleurs à l’Europe, et ce malgré le bras de fer avec Moscou, de continuer à acheter du gaz russe à des prix largement inférieurs à ceux affichés sur les marchés Spot ou de gré à gré.
 
Ce différentiel de coût pourrait éventuellement permettre de compenser la relative faible rentabilité de la raffinerie. Cela mérite au moins que le gouvernement s’y attarde à travers une étude approfondie, au lieu d’évacuer d’un revers de la main la possibilité de nationaliser et de relancer la SAMIR. D’autant plus que si les gisements pétroliers marocains venaient à être confirmés dans un avenir proche, notre raffinerie pourrait être livrée à moindre coût par du pétrole marocain.
 
Autre élément majeur de notre souveraineté énergétique, les énergies renouvelables. Puisqu’en 2009, le Maroc a fait le choix stratégique de faire de ces dernières une composante majeure de notre souveraineté énergétique, à travers une politique de mix énergétique où les énergies renouvelables devraient représenter à terme 42% de nos besoins en électricité. Un objectif qui a été revu à la hausse puisque désormais l’objectif serait d’atteindre les 52% d’ici 2030. Certains parlent même de 64,3%. Si un certain retard semble avoir affecté cette stratégie, la dynamique poursuit cependant son cours.
 
Quant au gaz naturel, malgré le non-renouvellement du contrat autour du gazoduc «Maghreb-Europe» décidé unilatéralement par Alger, le Maroc dispose de plusieurs possibilités pour s’ériger en hub énergétique régional. Premièrement, d’importants gisements gaziers ont été découverts au large de Larache et ailleurs sur le territoire du Royaume. Cependant, leur potentiel réel et leur rentabilité reste encore à évaluer. Dans ce sens, l’ONHYM en partenariat avec plusieurs compagnies étrangères continuent activement à faire de la prospection. Ce n’est qu’une question de temps. 
 
Sur un plan plus régional, voire continental, l’important projet de gazoduc «Nigéria-Maroc» contribuera très certainement à accroitre notre indépendance énergétique. Puisque qu’en général, les frais de transit du gaz se font en devises et en nature. Ce qui permettrait au Maroc d’accéder à un gaz naturel bon marché, sûr, et non tributaire des caprices algériens, en plus d’engranger d’importantes sommes en devises.
 
En attendant, le gouvernement marocain devrait peut-être sortir des calculs boutiquiers de rentabilité immédiate de la SAMIR ou de tel ou tel autre projet, en apprenant à raisonner à un niveau plus global, plus stratégique et plus orienté sur la longue durée.
 
Et comme le rappelle souvent le Pr. Najib Akesbi, «la souveraineté a un coût, mais n’a pas de prix».

Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d'Arkhé Consulting

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