Les architectes de Casablanca dénoncent la complication des procédures au niveau du Guichet unique relatif aux autorisations d'urbanisme et une partialité «flagrante» dans le traitement des dossiers.
Par M. Ait Ouaanna
Depuis novembre 2022, les architectes de Casablanca n’ont cessé de signaler les «obstacles grandissants» en matière d'obtention des permis de construire et des permis d'habiter, exhortant la Mairie à agir rapidement pour remédier à cette problématique. Aujourd’hui encore, la situation demeure, selon ces professionnels, inchangée, ce qui cause de graves perturbations dans le secteur et se répercute négativement sur les investissements de la métropole.
Le chiffre évoqué par le président du Conseil régional de l’Ordre des architectes du centre (CROAC), Mohamed Karim Sbai, lors d’une récente conférence de presse, est alarmant. Selon lui, 90% des dossiers sont toujours en attente au niveau du Guichet unique relatif aux autorisations d'urbanisme. Lors de cette rencontre tenue, lundi 6 mai à Casablanca, en présence de Chakib Benabdellah, président du Conseil national de l'Ordre des architectes du Maroc (CNOA), et d’autres membres du CROAC, les professionnels ont souligné avec insistance que la responsable dudit guichet est à l’origine de l’ensemble des complications dénoncées, notant que cette dernière est, tout de même, constamment défendue par Nabila Rmili, maire de Casablanca. Lors de son intervention, Mohamed Karim Sbai a relevé que la situation s’aggrave de jour en jour, indiquant que la présidente du Conseil de la ville n’a pas tenu sa promesse de prendre des mesures correctives.
«Nos architectes sont très en colère et très déçus de ce qui se passe au niveau de Casablanca concernant l’octroi des autorisations, et particulièrement au guichet unique. Ces problèmes, qui durent depuis plus de deux ans, ne cessent malheureusement de s’aggraver. Aujourd'hui, la demande de l’autorisation de construire est devenue un véritable calvaire. Ce document qui, auparavant, ne prenait pas plus de deux mois, nécessite aujourd’hui un délai de six mois ou plus», alerte le président du CROAC. Les membres du Conseil ont également signalé être confrontés à un dédale de réglementations qui contournent les directives officielles visant à stimuler les investissements et simplifier les démarches.
«On nous exige des documents qui ne figurent pas dans le règlement général de la construction tels que la feuille d’alignement, le cahier des charges, le plan de lotissement, etc. Des documents techniques qui ne sont pas du tout réglementaires et qui nous posent un gros problème. Au moment où nous avons besoin d’encourager l’investissement, la Commune nous alourdit la tâche avec un certain nombre de remarques, soit 15 ou 20 remarques par dossier, ce qui est inadmissible», s’insurge Mohamed Karim Sbai.
Par ailleurs, le président du CROAC a tiré la sonnette d’alarme sur un manque d’équité dans les procédures et une partialité flagrante en matière de traitement des dossiers. «Certains promoteurs arrivent à avoir les autorisations de construire dans un temps très réduit, ce qui prouve l’existence d’une politique de deux poids deux mesures. Pareillement, pour ce qui est du permis d’habiter, certains architectes attendent un mois, voire même plus pour l’obtenir, au moment où d’autres le reçoivent en 48H. Nous sommes dans une ère de transparence, et l'administration doit absolument nous considérer comme un partenaire et non pas un ennemi.
Les architectes sont là pour construire leur pays et la ville et il est absolument illogique que nous soyons les derniers à être consultés, sachant que depuis que la maire Rmili est là, nous n’avons jamais été consultés, alors que beaucoup de projets sont en cours à Casablanca», insiste-t-il. Karim Sbai a également précisé que le wali de Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia, est, de son côté, très à l’écoute et fait de son mieux pour améliorer la situation. Révélant que l’impact économique de ces retards est «énorme» et que cette situation fait fuir les investisseurs étrangers et même marocains. Le président du CROAC a annoncé qu’un sit-in est prévu si aucune action n'est entreprise dans les jours à venir.