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Prix des hydrocarbures : Pompes à fric

Prix des hydrocarbures : Pompes à fric

Ça sent le gaz dans le secteur des hydrocarbures. C’est le cas de le dire. Depuis quelques mois, les prix des hydrocarbures font débat. Pas du côté des professionnels, mais plutôt des consommateurs qui ont l’amère sensation d’être les cocus de la libéralisation des prix des hydrocarbures. Cela est d’autant plus vrai que les distributeurs, toujours prompts à répercuter la hausse des cours du baril de pétrole sur les prix à la pompe par exemple, sont beaucoup moins enclins à faire pareil lorsque les prix de l’or noir diminuent. Et en l’absence de contrôles et de sanctions, aujourd’hui, c’est le flou total autour des procédures de fixation des prix et des marges qu’ils dégagent… sur le dos des consommateurs. Au point que cette «anarchie» bien organisée est arrivée récemment aux oreilles du Parlement où Lahcen Daoudi, le ministre délégué chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, avait reconnu que les opérateurs s’en mettaient plein les poches, certains ayant même «doublé leurs bénéfices d'une année à l'autre».
D’ailleurs, le Comité de vigilance du secteur des hydrocarbures a tenu, fin de semaine dernière, une réunion consacrée à la situation d'approvisionnement du marché intérieur en produits pétroliers, les réserves de ces produits et l'évolution du niveau des prix. A cet effet, il a été procédé à l’examen des rapports reçus des départements concernés sur l'évolution des prix de ces produits, à l'échelle internationale, et ses répercussions sur le marché intérieur, à travers ceux appliqués sur la consommation à l'échelle nationale, et ce depuis la libéralisation des prix jusqu’à ce jour. Et le constat est sans appel : «le Comité a constaté la hausse de la marge bénéficiaire de certaines sociétés en comparaison avec la situation avant la libéralisation». Des mesures ont-elles dès lors été prises ? Pas le moins du monde. Tout juste le Comité s’est-il contenté d’appeler les professionnels à examiner les facteurs influant sur le développement des marges bénéficiaires liées aux prix de consommation. Ce Comité a-t-il les prérogatives pour faire davantage ? Pas sûr. 
Actuellement, l’un des seuls, sinon le seul organisme qui a les pouvoirs pour agir et sanctionner s’il le faut, est le Conseil de la concurrence. D’ailleurs, dans un entretien qu’il nous a accordé en avril dernier (www.fnh.ma), Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence, nous révélait qu’il avait «reçu une saisine il y a un peu plus d’un mois relative au problème des hydrocarbures au Maroc. Y a-t-il concurrence ou pas et comment se fait-elle ? Les rapporteurs sont en train d’éplucher ce dossier, mais quand ils auront fini, il faudrait que le Conseil soit opérationnel». Et c’est là où le bât blesse : faute de membres, le Conseil est actuellement paralysé. Dans sa déclaration gouvernementale, Saad Eddine El Othmani, le chef du gouvernement, avait assuré que l’exécutif apportera son soutien au Conseil de la concurrence, pour que ce dernier puisse accomplir ses missions essentielles comme toute économie qui se respecte: lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et les manœuvres commerciales déloyales, contrôler les concentrations, sanctionner les organismes qui transgressent les règles de la concurrence, exercer son pouvoir d’autosaisine…, etc. Jusqu’à présent, rien n’a été fait.■

D.W.
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