Nouvelles gares, train métropolitain de proximité, renforcement des liaisons régionales et développement d’une industrie nationale du matériel roulant : la métropole se positionne comme un hub stratégique du transport durable à l’horizon 2030.
Par D. W.
Le Roi Mohammed VI a procédé, mercredi, au lancement officiel de projets ferroviaires d’envergure dans la préfecture d’arrondissement Hay Hassani, à Casablanca. D’un montant global de 20 milliards de dirhams, ces projets structurants visent à transformer la mobilité au sein de la zone métropolitaine de Casablanca et à accompagner les mutations socioéconomiques de la métropole. Ces chantiers s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme ferroviaire doté d’une enveloppe budgétaire de 96 milliards de dirhams.
L’ambition est multiple : développer les liaisons régionales entre Kénitra et Casablanca, améliorer la mobilité dans les grandes agglomérations (Casablanca, Rabat, Marrakech), renforcer le transport durable à faible empreinte carbone et poser les jalons d’un véritable écosystème ferroviaire national. Déjà, en avril dernier, le Souverain avait donné le coup d’envoi de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Kénitra-Marrakech (430 km), dont la mise en service est prévue fin 2029. Le nouveau programme en constitue un prolongement logique et complémentaire.
Trois gares de nouvelle génération
Au cœur de ce dispositif, figurent trois grandes gares nouvelle génération :
• Casablanca-Sud, dont les travaux viennent d’être lancés à Hay Hassani, mobilisera 700 MDH. Dotée de six quais et dix voies ferrées, elle accueillera Al Boraq, les trains grandes lignes, les trains de proximité, régionaux et l’«aéro-express» qui reliera l’aéroport Mohammed V à Casa-Port toutes les 15 minutes. Sa capacité annuelle est estimée à 12 millions de passagers.
• La gare du Grand Stade Hassan II de Benslimane, avec une enveloppe de 450 MDH, pourra accueillir jusqu’à 12 millions de voyageurs par an.
• La nouvelle gare de l’aéroport Mohammed V, pour un coût de 300 MDH, offrira une capacité d’accueil de 5 millions de passagers annuels. Ces infrastructures modernes et intermodales favoriseront la connectivité urbaine et régionale, tout en soutenant l’émergence de pôles économiques et de quartiers d’affaires.
Outre les grandes gares, dix gares supplémentaires seront réalisées pour accueillir le train métropolitain de proximité (TMP), appelé à transporter jusqu’à 150.000 voyageurs par jour à l’horizon 2030. Ces gares (de Mohammedia à Nouaceur, en passant par Ain Sebâa, Mers Sultan ou encore l’Oasis) offriront une cadence pouvant atteindre un train toutes les 7,5 minutes. Les lignes couvriront 92 km et desserviront des points stratégiques, notamment le Grand Stade Hassan II et l’aéroport Mohammed V.
Cinq gares existantes seront par ailleurs modernisées pour s’adapter à ce nouveau service. Le programme prévoit également l’acquisition de 48 nouvelles rames automotrices d’une capacité de plus de 1.000 places et pouvant circuler à 160 km/h. Coût : 7 milliards de dirhams. Le constructeur sud-coréen Hyundai Rotem, retenu pour la fourniture, implantera une usine au Maroc. Celle-ci constituera l’une des pierres angulaires du futur écosystème ferroviaire national, favorisant la création d’emplois, le transfert technologique et l’export à moyen terme.
Ces projets sont de nouvelle génération et reposent sur trois piliers: infrastructures, acquisition de nouveaux trains et construction de gares modernes, a expliqué Mohammed Smouni, Directeur général adjoint de l’ONCF. De son côté, Luciano Fernandes Borges, directeur du pôle Matériel à l’ONCF, a qualifié ces projets de «locomotive pour le développement de l’écosystème industriel national», soulignant que 40 des 110 trains commandés seront assemblés au Maroc.
Retombées socioéconomiques
Avec 260 km de nouvelles voies ferrées, 50 ouvrages d’art, deux technicentres (Zenata et Nouaceur) et cinq ateliers de maintenance, ce programme entend remodeler la mobilité régionale et urbaine. Il s’agit non seulement de désengorger Casablanca, mais aussi de répondre aux échéances nationales, à commencer par la Coupe du monde 2030.
Les retombées sont multiples : création de dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, dynamisation de l’industrie nationale, réduction de l’empreinte carbone, amélioration du cadre de vie urbain et consolidation de la sécurité des usagers. In fine, ces projets traduisent la volonté ferme du Souverain de doter le Royaume d’infrastructures ferroviaires modernes et intégrées, répondant aux standards internationaux et qui placent la mobilité collective et respectueuse de l’environnement au cœur du développement urbain et industriel.