C’est à ne rien y comprendre. Le gouvernement marocain a un gros problème sur les bras, a les moyens de le résoudre, mais ne fait rien. Depuis quelques semaines en effet, le prix des hydrocarbures suscite la polémique et s’est même invité au Parlement. Il apparaît ainsi que les distributeurs des produits pétroliers se sucrent sur le dos des consommateurs, à la faveur notamment de la libéralisation des prix. Les rapports du Comité de vigilance du secteur des hydrocarbures l’ont prouvé. Le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Lahcen Daoudi, l’a reconnu et dénoncé. D’ailleurs, mardi dernier, devant la presse, il a souligné que les changements des prix à la pompe sont maintenus à la même fréquence d'avant la libéralisation des prix, ce qui pourrait être interprété comme un comportement qui nuit à la concurrence. Les rencontres qu’il a eues avec les opérateurs n’ont à la limite permis que de constater et confirmer cette réalité. Sans plus.
Car, le gouvernement a en quelque sorte les mains liées, ne pouvant se limiter qu'à mettre en place les conditions d’une concurrence saine. Le seul organisme qui a les prérogatives pour mettre fin à cette anarchie sur les prix, et sanctionner s’il le faut, est le Conseil de la Concurrence (CC). Lequel a d’ailleurs déjà reçu, il y a deux mois, une saisine relative au problème des hydrocarbures au Maroc. Mais, faute de membres, dont le mandat a expiré depuis 2013, il n’est pas opérationnel. Et qui doit élire ses membres ? Le chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani. Il avait promis de s’y atteler lors de sa déclaration gouvernementale. Mais jusqu’à présent, il est resté muet sur la question. C’est dire que les agitations et multiples sorties de Daoudi sur ce problème ne servent à rien en définitive. La solution est chez El Othmani.
Au regard de l’inactivité déconcertante du CC depuis sa mise en place, cela ressemble à une vraie punition. Et des questions légitimes sont à se poser : à qui profite cette paralysie ? Pourquoi snobe-t-on le CC ? Cela, en sachant pourtant que le CC reste un organisme incontournable pour lutter contre les pratiques concurrentielles, dans un contexte où de nombreux chantiers structurants sont lancés au Maroc dans le cadre du processus de modernisation de l’économie nationale.■
D. W.