Il y a des dossiers sur lesquels le gouvernement avance avec prudence. Une trop grande prudence même.
La réforme du système de compensation et celle du régime des retraites en font partie.
La réforme des retraites en particulier est une patate chaude, pour ne pas dire un épouvantail que les gouvernements qui se sont succédé au Maroc n’ont jamais voulu affronter.
Oui, cette réforme, de par ses enjeux économiques et sociaux, fout la pétoche. Et ce n’est pas propre au Maroc.
Presque dans tous les pays, toucher aux retraites entraîne des levées de boucliers.
Ce n’est pas en France, qui nous inspire beaucoup en matière de réformes, où l’on dira le contraire.
Le gouvernement de Edouard Philippe a dû reculer face à la menace de mouvements sociaux de grande envergure.
Au Maroc, on a fait un petit pas : la réforme paramétrique du régime des pensions civiles géré par la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui va se poursuivre en 2020.
Il s’agit du relèvement de l’âge de départ à la retraite à 63 ans progressivement, à raison de 6 mois par an depuis le 1er janvier 2017, et l’élargissement de l’assiette de liquidation des pensions sur la base de la moyenne des salaires des 96 derniers mois à partir du 1er janvier 2020.
Cette réforme paramétrique a offert juste un sursis à la CMR, d’autant que l’épuisement des réserves du régime est prévu en 2027.
D’où l’urgence de déployer la seconde phase visant la réforme globale du système de retraite national, basée sur un système bipolaire (public et privé), pour assurer la pérennité des régimes.
Cette seconde étape est de loin la plus délicate, le gouvernement devant composer avec des syndicats souvent vindicatifs, déterminés à protéger leurs acquis et privilèges.
Une étude a d’ailleurs été menée dans ce sens, dont les conclusions seront discutées avec les partenaires sociaux en 2020.
Objectifs : définir les modalités d’implémentation de ce scénario à deux pôles (public et privé).
Parions cependant que ces concertations ne vont rien donner de bien concret en 2020.
Pensez-vous que l’Exécutif va prendre le risque de se mettre à dos les partenaires sociaux à quelques encablures des législatives de 2021 ? Non.
Il ne faut surtout pas adopter des mesures impopulaires à la veille de cette échéance importante.
Dialoguons d’abord, et nous aviserons après les élections !
Oui, cette réforme des retraites obéit aussi à l’arithmétique politicienne.
Mais à coup sûr, à un moment ou un autre, quand le Maroc sera au pied du mur, elle se fera. Mais à quel prix ?
D. William